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Comptoir d’été #1 : le Gazoline

Pendant la trêve estivale, rennesmusique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…

Episode 1 : rencontre avec Renaud du Gazoline

C’est quoi l’histoire du Gazoline? Depuis combien de temps on vient écouter de la musique chez toi ?
Au tout début, dans les années 40, le Gazoline était un bar à prostituées. C’est un client de 80 ans qui était planqué ici qui nous a raconté cette histoire. Le bar a eu différentes vies. C’était aussi un bar à foot. Ensuite, il a eu son heure de gloire au niveau musical avec le Bigorneau Amoureux, qui a été assez connu en bar à concert, plutôt rock’n roll et chanson française. Avec Philippe, le patron, on est arrivés ici en 2010. Enfin moi, il m’a embauché en 2011 et fait confiance pour organiser des concerts. C’était un bistrot où il y en avait déjà quelques uns. On a augmenté la fréquence des concerts à partir de 2012 en changeant un peu la politique du lieu. Ici, on met la salle à disposition du groupe. Les groupes font ce qu’ils veulent. Tout le monde a le droit de jouer, tout le monde peut jouer. La mise à dispo de la salle est gratuite, ils font ce qu’ils veulent, ils organisent leur soirée eux-mêmes. Nous, on paie de quoi manger et boire pour accueillir les groupes. Après, ils peuvent faire des entrées payantes, gratuites, dans tous les styles, c’est eux qui gèrent.

Qu’est-ce qu’on écoute au Gazoline ? De tout finalement ?
La clientèle est vraiment rock. Après, vu que c’est de la mise à dispo, les groupes viennent avec leur public. Certains groupes ne savent pas où jouer. Par exemple, les groupes de métal, il y a très peu de lieux qui les accueillent sur Rennes. Du coups, ils ne savent pas où jouer, ils viennent donc ici avec leur public. Ils savent que ça n’est pas ce qu’écoute notre clientèle mais ils savent qu’ils vont être bien accueillis et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent dans la salle en bas. Ici, c’est quand même très rock. Quand nous programmons nos groupes nous-mêmes, comme au moment des Trans, on garde notre programmation.

On est plus sur du rock, garage, rock’n roll au Gazoline.


Un concert qui a marqué le Gazoline ? Un de tes meilleurs souvenirs ?

Les meilleurs souvenirs sont plutôt récents finalement. Il y a 2 ans, on a découvert les Twin Arrows ici. On les a ensuite repris pour les Trans l’année dernière. On les a eu 2 soirs. Derrière, ils ont eu une double page dans Rock & Folk, un entretien avec Philippe Manœuvre, ça fait plaisir pour eux. Quand tu tombes sur des groupes comme ça, ça devient des copains, tu les rappelles tout le temps. C’était notre gros coups de cœur. Après, il y a eu Dirty Deep, qu’on avait découvert à Binic il y a 2 ans. On était super contents de les avoir ici. Il y a plein de petits groupes de Rennes aussi comme In a Nutshell, White Car Nation, des groupes de copains en fait. Les gars des 3 fromages pendant le Will’Stock, un très bon souvenir aussi. Les copains viennent faire des dates ici, ils savent qu’il n’y aura peut-être pas beaucoup de monde mais que la soirée sera bonne. Pour le Will’Stock, il y a une grosse soirée au Mondo, mais ils aiment bien venir faire une pré-soirée plus intimiste ici. Il n’y a pas vraiment de mauvais souvenirs ici.

Vous participez à des festivals sur Rennes comme les Trans ou Will’Stock, vous en faites d’autres ici ?
Au Gazoline on fait les Trans Off pour pouvoir choisir notre prog’. Avec les Bars en Trans, c’est eux qui placent leur groupe, enfin je crois que ça marche comme ça. En plus, c’est un budget que nous n’avons pas. Ici, on paie pas les groupes une fortune mais au moins, on sait qu’ils touchent quelque chose puisqu’on leur donne. Nous, on est rodés pour organiser des concerts, on n’a pas besoin de système «clé en main» et on a envie de choisir nos groupes. En général, ce sont des groupes qu’on a eu l’année précédente et qui nous ont vraiment plu, qu’on a envie de revoir chez nous. On les rappelle pour leur proposer les Trans, c’est une bonne opportunité pour eux, même en Off. On fait aussi le Petit Soufflet, dans le cadre du Grand Soufflet. Il y a un festival Off qu’ils mettent dans la prog’ officielle. On fait ça depuis 3 ans et on héberge les cartons de flyers et d’affiches !

Ca vous apporte quoi tout ça ? Il y a un réel plus par rapport aux autres bars qui ne font pas de concerts ?
Ca nous apporte pas grand-chose en fait, surtout beaucoup de problèmes. Des problèmes de bruit. Après on n’a pas de soucis avec nos voisins, ça se passe plutôt bien. Pas avec tous mais avec la majorité. On essaie de faire attention. Si on a le moindre débordement d’horaires, on ne sera peut-être plus là le lendemain pour servir des verres donc on fait gaffe. Plein de personnes critiquent les patrons de bar, trouvent qu’ils sont à cheval sur les horaires, mais ces mecs-là font bouffer 10 personnes. Si le patron du bar te dit de pas sortir avec des gobelets, de faire moins de bruit, c’est juste pour pouvoir te servir demain. Une fermeture c’est la mort. Aujourd’hui, c’est pour ça que je pars de France, c’est trop compliqué. Au-delà des charges, t’as l’impression qu’on est les mauvaises élèves. Le moindre truc qu’on fait, c’est une fermeture. Un bar qui ferme, il n’y a plus de rentrée d’argent, et faut continuer à payer tes employés, ton loyer… C’est assez compliqué donc faut vraiment être très prudent. A 00h30, on coupe la musique. A 1h du mat’, toute la terrasse doit être à l’intérieure du bar. La loi dit même que le personnel ne devrait plus être dans le bar à 1h00, on doit avoir fini le ménage, ou le faire le lendemain. Il y a des tolérances quand même.

Que penses-tu de la politique rennaise concernant les lieux culturels ?
Elle est inexistante en fait. Je viens de Lyon et j’ai vu des politiques différentes. La rigueur au niveau des horaires est la même. Je trouve que la ville de Rennes fait quand même plein de choses culturellement. Il y a Mythos, les Tombées de la nuit, les Trans, le Grand Soufflet, etc… ce sont des festivals qui ne sont pas excessivement chers. On a un accès à la culture énorme à Rennes. En plus, je n’y connais rien en danse et en peinture mais j’imagine qu’il y a aussi beaucoup de choses de faites. Il y a eu beaucoup de bars de fermer à Rennes ces temps-ci mais il y a eu aussi beaucoup d’abus. En tant que pro, ça m’ennuie que ces lieux ferment, mais il y a sûrement eu de l’abus. C’est beau d’être rock’n roll mais il y a quand même des lois à respecter, le respect du voisinage, etc… L’alcool nous fait monter le volume, on ne se rend pas toujours compte. Quand je coupe la musique ici et qu’il n’y a plus personne, j’entends les voisins descendre les escaliers, j’ose même pas imaginer ce qu’ils entendent à 11h quand j’ai la musique à fond ! Il faut essayer de respecter tout ça pour que tout se passe bien.

Quel autre bar à concerts tu aimes sur Rennes ?
J’aime beaucoup le Bistrot de la Cité, c’est mon petit bar préféré. Je n’arrive pas à y aller souvent mais quand je peux c’est là que je vais. C’est même pas pour les concerts, c’est le bistrot où je me sens bien, c’est borderline à souhait. Tu y trouves encore un vrai côté bistrot qu’on trouve de moins en moins. Il y a beaucoup de « machines à cartes bleues » maintenant à Rennes. Au Bistrot, il y a encore ce côté humain. Il passe encore des vinyles, c’est la boutique bien gérée comme j’aime. J’aime bien le Mondo aussi mais c’est plus compliqué pour moi d’y aller.

Des conseils pour ouvrir un établissement comme le Gazoline sur Rennes ?
Ne le faites pas c’est mon premier conseil ! C’est bien mais c’est dur à mettre en place. C’est de gros investissements, beaucoup de stress, pour pas grand-chose au bout. Après il y a plein de trucs à faire sur Rennes, plein de concepts qui n’existent pas et qui pourraient cartonner mais il faudrait des investissements monstrueux pour faire un beau truc. Un plafond isophonique pour pouvoir faire des concerts sans avoir de problèmes avec les voisins, faire des sas, avoir de la trésorerie pour avoir un portier… Une vraie scène avec une vraie installation sono et lumières. J’ai plein d’idées mais je ne les ferai pas à Rennes, plutôt au Canada. Et puis après, si je veux faire un truc innovant, je ne le ferai pas ici au début, c’est un peu petit pour ça. J’ai remarqué un truc à Rennes : il faut une terrasse obligatoirement. Ici c’est indispensable. Quand je suis arrivé de Lyon j’ai halluciné là-dessus ! A Rennes tu vis pas si tu n’as pas de terrasse, même si tu n’as que 4 ou 5 tables, il en faut une. C’est typique de Rennes ou de la région, je sais pas.

Quel est le budget moyen pour venir écouter un concert ici ? L’entrée est à combien et combien coûte une bière ?
Pour l’entrée, ça va de 0 à 5 euros. Comme on met à dispo la salle, les artistes font ce qu’ils veulent mais ça ne dépasse jamais 5 euros. Il y a 20 m², c’est bas de plafond, tu crèves de chaud, tu peux pas faire payer plus. Au-dessus, je trouve que ça serait de l’arnaque. Pour la bière, ça va de 2.50 à 3.70 euros.

Nous avons donc fait un calcul moyen pour votre soirée au Gazoline :
Avec une entrée à 5 euros, vous êtes responsable donc vous ne boirez que 3 bières pendant votre soirée : une en arrivant, une pendant le concert et une à la fin pour débriefer avec vos amis et parce que vous avez eu très chaud dans la salle d’en bas. Vous prenez la bière la moins chère car finalement vous vous rendez compte que vous traîner souvent dans les bars à concerts de Rennes.
Une entrée à 5 euros + 3×2,50 euros de bières = 12,50 euros pour une bonne soirée au Gazoline.
Ca reste très correct n’est-ce pas ?

 

On pourra encore écouter des concerts chez toi malgré ton départ au Canada ?
Le bar ne va pas couler après moi. On a embauché Pedro. Thomas me remplace. Il y a aussi Nico qui est là depuis plus d’1 an. Ca va continuer ! Moi je suis là depuis 4 ans, il faut que je bouge, que je change, que je vois autre chose. Il y a moins d’enjeux aujourd’hui, la machine est rodée même s’il y a toujours moyen de faire mieux. J’aime avoir des objectifs et je veux ouvrir mon bar mais pas en France…

Merci Renaud.

Rendez-vous la semaine prochaine pour le comptoir d’été #2 !

Propos recueillis par Lucie et Cath
Crédit photo : Lucie

Le Gazoline : 24 rue Nantaise à Rennes
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