Comptoir d’été #6 : la Quincaillerie Générale
Pendant la trêve estivale, rennes musique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…
Episode 6 : rencontre avec Rodrigue de la Quincaillerie Générale
C’est quoi l’histoire de la Quincaillerie Générale ? Depuis combien de temps on vient écouter de la musique chez toi ?
C’était le but dès l’ouverture, il y a cinq ans et demi. A l’origine ce lieu était une épicerie, et le type qui l’avait en a ensuite fait un bar-épicerie, c’était il y a une dizaine d’années et ça s’appelait La Cabane. Il a revendu au bout d’un an à quelqu’un d’autre mais ça n’a pas marché, ça a duré environ deux ans et demi et ça a fermé. Il n’y avait rien depuis un an et demi quand on a repris le fond de commerce en 2010. Nous sommes deux associés, ma femme Laurence et moi.
Qu’est-ce qu’on vient écouter chez toi ?
Aujourd’hui, les seuls critères de sélection sont les projets qui ne font pas trop de bruit. On est obligés de faire attention à ça car on a eu des ennuis, comme beaucoup. De temps en temps on fait venir des groupes plus sonores mais il ne faut pas que ce soit trop souvent ni trop tard.
A la Quincaillerie Générale, pour des raisons sonores, on écoute beaucoup de musique acoustique, du traditionnel, du jazz, de la chanson française mais pas que…
Tout ce qui est typé rock, basse/batterie, on en fait moins souvent maintenant.
Un concert qui t’a marqué ? Ton meilleur souvenir ici ?
Il y en a eu plusieurs. Il y a un an et demi Loïc Lantoine est venu et c’était vachement bien, c’est un type que j’aime beaucoup. Un bluesman américain, co-fondateur de Canned Heat, est venu aussi. Il devait avoir 80 ans et a fait un concert super génial. Des fois, il y a aussi eu des choses un peu rares, magiques, avec très peu de gens.
Qu’est-ce que ça t’apporte la Quincaillerie Générale ? Pourquoi tu as voulu tenir un bar à concerts et pas simplement voulu vendre des bières et des cafés ?
D’un concert à l’autre ça crée des soirées différentes selon la musique et les gens qui viennent, ce n’est jamais monotone. Au départ je suis musicien, c’est ce qui m’a poussé à ouvrir ici. On a été de plus en plus sollicités au fil du temps et on fait environ un concert par semaine pour garder un rythme tenable. Un concert c’est davantage de travail, nous ne sommes que deux à travailler ici et on fait à manger le midi en plus du bar.
Est-ce que tu participes à des festivals sur Rennes ? Tu préfères peut-être mettre en place tes propres festivals ?
Je ne participe pas trop aux festivals rennais. Après il y a des choses qui se sont mises en place ici, comme un rendez-vous important qui est très représentatif du lieu, c’est la Goguette, tous les premiers vendredi du mois. C’est autour de la parole et de la chanson, tout le monde peut participer avec sa guitare, son piano. Ca a été lancé il y a trois-quatre ans avec un type qui s’appelle Alexandre la Godasse, il fait de l’orgue de Barbarie. Il venait jouer et lançait les gens à chanter par-ci par-là, et puis il a arrêté mais ce système a continué. Pendant la fête de la musique on bloque la rue et on fait une Goguette dehors. C’est tout en acoustique, il n’y a aucune sonorisation, ça crée quelque chose d’assez intime, les gens font assez attention et écoutent. Sinon il y a le festival Bar-Bars, le Petit Soufflet. Avant on faisait le Mégaphone Tour mais j’ai arrêté quand j’ai eu des problèmes de bruit.
As-tu participé à l’essor de groupes rennais ? As-tu servi de tremplin ?
Evidemment, même si c’est difficile à mesurer, les bars permettent aux musiciens qui n’ont pas assez de notoriété pour jouer dans des salles de jouer devant un public. En plus, c’est de plus en plus compliqué. Plein d’artistes rennais sont passés ici, comme Bastoon & Babouchka que j’aime bien. Il y en a tellement, je ne saurais pas les citer tous. J’aime bien quand ce sont des groupes locaux car ils viennent déjà avec leur réseau. Quand on fait venir un groupe pas connu ici c’est parfois compliqué d’avoir du public, c’est plus aléatoire et imprévisible.
Rencontres-tu des difficultés ? Des plaintes avec le voisinage ou la ville de Rennes ?
Comme je le disais tout à l’heure, on a des soucis de voisinage depuis deux ans environ. La loi est faite de telle façon que la personne qui se plaint d’une gêne sonore a gain de cause. Du coup, on doit faire attention. C’est allé un peu loin une fois pour rien, ça avait fait le buzz sur les réseaux sociaux, mais ça s’est calmé. Depuis on fait un concert par semaine, en acoustique, donc ça va mieux.
Que penses-tu de la politique rennaise concernant les lieux culturels ?
Ce qui est dommage c’est que Rennes est un vivier de création, d’artistes, d’étudiants, il y a plein d’initiatives qui ne sont pas encouragées par la ville pour des raisons de bruit et de sécurité, c’est sclérosant.
Pourtant il y a de quoi faire ! Des lieux, des associations qui créent l’effervescence, même des petites choses, c’est ce qui rend Rennes si riche et intéressante au niveau culturel.
Quel/s autre/s bar/s à concerts tu aimes ?
J’ai très peu d’occasions d’y aller, quand je vais au bar je vais à celui d’à côté. J’aime bien le Synthi, il n’y a pas de concerts mais c’est un bon bar de quartier avec une belle carte de bières. Pour les concerts, j’aime la Mie Mobile, le Sablier évidemment, le Papier Timbré…
Des conseils pour ouvrir un établissement comme la Quincaillerie Générale sur Rennes ?
A mon avis, il ne faut pas avoir une idée trop arrêtée de ce qu’on veut faire. Il faut une idée claire du cadre mais il faut aussi laisser de la place aux gens qui viennent, ne pas leur imposer « viens je vais te montrer ce que c’est un bar culturel », c’est une méthode coloniale et prétentieuse qui ne marche pas et qui ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse justement c’est que c’est une aventure et qu’il faut laisser la place à la vie et à la remise en question.
Quel est le budget moyen pour venir écouter un concert chez toi ? Combien coûtent l’entrée et la bière ?
La bière de base est à 2,50 euros. Pour les concerts, c’est majoritairement entrée libre avec participation au chapeau, on fait en moyenne un seul concert payant par an pour de gros événements. Au chapeau ce n’est pas gratuit, mais ça permet aux gens de donner ce qu’ils veulent et peuvent. C’est aléatoire, certains soirs les gens donnent beaucoup, d’autres moins. Quand un concert leur a plu les gens donnent généralement 5 euros.
Le concert vous a beaucoup plu, vous mettez donc 5 euros dans le chapeau. Vous buvez toujours 3 bières pendant votre soirée. Vous prenez la bière la moins chère car vous passez vos soirées au Melody Maker, au Oan’s, au Marquis de Sade, au Mondo Bizarro et au Gazoline. Ecouter de la bonne musique, c’est un budget !
5 euros dans le chapeau + 3×2,50 euros de bières = 12,50 euros pour une bonne soirée à la Quincaillerie Générale.
On pourra encore écouter des concerts chez toi pendant longtemps ? Tu as d’autres projets en tête ? Des envies d’ailleurs ?
Normalement, ça devrait encore durer, ça me plait toujours autant, ça se passe bien, donc pas de raison d’arrêter.
Merci Rodrigue.
Rendez-vous la semaine prochaine pour le comptoir d’été #7 !
Lire l’épisode 5 avec Jean Noël du Melody Maker.
Propos recueillis par Lucie et Cath
Crédit photo : Lucie
La Quincaillerie Générale : 15 rue Paul Bert à Rennes
Suivez l’actualité de la Quincaillerie Générale sur Facebook.
[location_map default-markers-color= »#d0222a » id= »8285″]