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Comptoir d’été #7 : le Ty Anna Tavarn

Pendant la trêve estivale, rennes musique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…

Episode 7 : rencontre avec Gweno du Ty Anna Tavarn

Tu peux nous raconter l’histoire du Ty Anna ?
Ca fait presque dix ans que le Ty Anna existe (début 2006). J’ai pris ce bar avec David, mon associé. Avant cette aventure, je travaillais pas mal avec des festivals du côté Sud Morbihan (Vannes, Lorient, Hennebont). Du coup, je ne me voyais pas ne pas faire de concerts ici, je voulais continuer dans la même logique. Vendre de la limonade et de la bière, certes, mais il faut du concert. C’est le leitmotiv, c’est ça qui m’anime, qui me motive, qui me fait venir au boulot. J’ai commencé tout doucement car il fallait que je fasse mon réseau. J’avais quand même pas mal de potes qui étaient dans la musique, ils venaient jouer chez moi parce qu’ils me connaissaient. Ainsi de suite… Maintenant, on fait à peu près deux cents concerts par an. On organise des concerts certains mercredis, jeudis, vendredis et samedis. Des fois, le mardi, des fois le dimanche et des fois le lundi ! On ne fait pas de concerts l’été. On arrive à cinq/six concerts par semaine environ. Avant, il y avait le Pub Sainte-Anne. C’était un bar du soir essentiellement qui était beaucoup squatté par des bureaux d’élèves, des corpos. Il avait des partenariats avec des boîtes de nuit, les élèves venaient faire leur before ici avant d’aller en boîte. Il n’y avait donc pas de notion de concerts ici avant nous. On a donc refait la salle pour pouvoir accueillir des concerts.

On écoute quoi chez toi ? Il y a un style de musique bien particulier ?

Tout style de musique ! Du rock, du punk, beaucoup de punk, de la musique trad’, bretonne bien sûr car j’ai beaucoup bossé là-dedans à une époque, mais aussi de la traditionnelle irlandaise, africaine, du jazz, etc.

Un groupe de jazz vient ici depuis dix ans tous les premiers week-ends de chaque mois. On ne fait pas beaucoup d’électro, hip-hop, reggae. Au Ty Anna, on y a forgé une notion très live, donc pas beaucoup de machines, sauf quand ça rentre dans un programme d’un festival, comme les Trans par exemple.

Est-ce qu’il y a un concert qui t’a vraiment marqué ici parmi les deux cents que tu organises par an ? Ton meilleur souvenir ?
C’est surtout des anecdotes parce que des concerts marquants il y en a énormément ! Il y a un groupe punk ska gallois qui est venu, ça m’a complètement bluffé, tout le monde se demandait d’où ils venaient, une espèce d’ovni, ils s’appelaient les Random Hand. Ma plus belle anecdote, c’est avec Half Moon Run. C’est un groupe canadien qui a joué ici le 30 avril 2011. Ils étaient sur la grosse scène des Vieilles Charrues l’été suivant. Ils ont fait leur première date en Bretagne au Ty Anna Tavarn ! Quand tu vois ça, tu te dis que c’est beau, quelques mois plus tard, ils sont sur une scène énorme. D’autres anecdotes ? En 2009, j’ouvre le bouquin des Trans. Sur tous les groupes programmés, neuf étaient déjà passés ici entre 2006 et 2009. Il y avait même une petite mention « Groupe découvert au Ty Anna ». Ca fait super plaisir et chaud au cœur des petites anecdotes comme ça. Après, bien sûr, il y a des groupes qui laissent de très beaux souvenirs. Par exemple, Soultime qui joue ici depuis dix ans. On a enregistré un disque en live au Ty Anna puisque le groupe n’existe qu’ici. Un live au Ty Anna, c’est un chouette projet. Aux dernières Trans, The Buns, un duo féminin rock 70’, c’était super chouette ! Je suis retourné les voir en concert plus tard, j’étais dans la foule et à la fin du concert, elles ont balancé : « si vous ne savez pas quoi faire après le concert, allez boire un verre au Ty Anna ! ». Merci mesdemoiselles.Beaucoup de concerts m’ont marqué mais ce sont les anecdotes qui font souvent chaud au cœur.

Qu’est-ce que ça t’apporte de tenir ce genre d’établissement ?
Des rencontres avec les musiciens. Tout se passe globalement bien dans 98% des soirées. Des fois, il y a par exemple des groupes qui pensent que la salle est plus grande et qui sont déçus, mais ça s’arrête là. Ca reste un café-concert, ça n’est pas une salle de spectacle. Je fais ça pour le public aussi, le côté relationnel. Quand des gens viennent et sont tristes parce que ce soir-là il n’y a pas de concert, ça veut dire qu’ils sont en attente, qu’ils sont contents de venir écouter de la musique au Ty Anna. Je ne me vois pas arrêter les concerts. Si on m’annonce demain que c’est terminé les concerts et que je ne vendrai plus que de la bière, franchement, je ne suis pas sûr de continuer. C’est vraiment ce qui m’anime !

Est-ce que tu participes à des festivals rennais ? Tu as déjà mentionné les Trans mais y’en a-t-il d’autres ?
Je fais énormément de partenariat avec les festivals rennais parce que les festivals ont besoin de lieux pour grossir. Je travaille donc avec le Grand Soufflet, Yaouank, les Trans, Electroni[k] à l’époque, les Tombées de la Nuit en Off, Culture Bar-Bars, Roulements de Tambour, Jazz à l‘Ouest, etc. Les festivals savent qu’ici il y a beaucoup de concerts, ça les intéresse en amont. Je les fais tous en fait !

Tu penses que tu as participé à l’essor de groupes rennais ? Des groupes qui auraient fait leur première scène chez toi ?
Pas mal de groupes ont fait leur première scène au Ty Anna juste à la sortie de leur garage. Mais ils ont joué ailleurs aussi. J’ai donc participé mais je ne l’ai pas fait tout seul. Je n’ai pas envie de dire que c’est grâce à moi. C’est une petite pierre à l’édifice de leur projet. Une pierre importante mais avec d’autres, c’est pas une exclusivité. Certains groupes ont souvent joué ici et pas beaucoup ailleurs. J’ai participé certes mais ils auraient trouvé d’autres lieux si je n’avais pas été là.

Rencontres-tu des difficultés ici par rapport au voisinage ? Des plaintes à cause du bruit ?
Ici, pas trop. La place Sainte-Anne a une réputation très populaire, très festive, on a de la chance ici, on n’est pas trop embêtés. En plus, il n’y a pas d’intérêt à jouer fort. Un groupe qui joue trop fort, les gens n’écoutent pas, ne restent pas, ou restent en terrasse, donc pourquoi jouer trop fort ! Ici, en plus, c’est entrée libre, donc quand tu n’as pas payé, tu ne vas pas te forcer à rester si c’est trop fort. Les voisins sont souvent des étudiants. A côté c’est un bar, derrière c’est moi. C’est donc plus facile place Sainte-Anne que place des Lices par exemple. La place Sainte-Anne est une place de locataire, la place des Lices, une place de propriétaire. Le locataire étudiant, il sait qu’il est là un an, il est souvent dans le bar, et il sait quand il loue qu’il est juste au-dessus d’un bar. On a aussi fait beaucoup de travaux d’isolation pour que tout se passe au mieux.

Que penses-tu de la politique rennaise concernant les bars à concerts, les lieux culturels en général ?
Je pense que la politique rennaise est en train de changer. Personnellement, je n’ai jamais eu à me plaindre. T’as de toute façon le droit de faire des concerts dans ton bar ! Si tu n’as pas de licence de spectacle, tu peux en faire six par an, avec une licence, tu peux en faire plus. T’as le droit ! Tout le monde s’est fait taper sur les doigts par rapport au bruit, donc il y a moins de concerts. Chasse au bruit, donc chasse aux concerts. Mais j’ai quand même l’impression qu’il y a un léger changement avec la nouvelle municipalité. La municipalité est plutôt contente que l’asso Bar-Bars ait pris sur Rennes. On a lancé ce mouvement avec Karl du Chantier, et aujourd’hui on est quatorze adhérents à Rennes. Il y a aussi le GIP (Groupement d’Intérêt Professionnel) quant à l’aide des musiciens dans les lieux privés, auquel la ville de Rennes adhère depuis très peu. Tout cela prouve qu’il y a des changements, même petits. Si ça se passe bien, peut-être qu’elle y adhérera un peu plus l’année prochaine et ainsi de suite. Je suis plutôt optimiste en fait même si je trouve qu’il y a plein de contradictions dans leur politique. Benoît Careil à la culture, ça peut aider. Il a quand même monté le Jardin Moderne, il vient de ce milieu, il le connait. Il y a du mieux mais c’est quand même pas tous les jours facile. Avec le Couvent à côté, je vais essayer de rester comme je suis et positif. Je ne suis absolument pas convaincu que le tourisme d’affaires fonctionne à Rennes, les boîtes n’ont plus d’argent pour ça. Il faudra donc bien qu’il serve à quelque chose, à autre chose, et là, ça peut être cool. L’amphi de 1000 places et les amphis de 300 et 400 places pourront peut-être servir à quelque chose d’intéressant. Mais ça n’est que mon avis. Ils seront bien obligés de louer les amphis. Si c’est trop cher, ça ne marchera pas, donc les prix baisseront et attireront autre chose que du tourisme d’affaires. La ville ne pourra pas le laisser tomber en ruine. Pour mettre du monde dedans, il faudra y faire autre chose. J’ai quand même peur que la place soit moins populaire car elle va être beaucoup modifiée. Je ne veux pas que ça devienne une place Charles de Gaulle, sans arbre, sans chaleur.

Rennes ville Rock, plus personne ne le vit aujourd’hui.

Aimes-tu d’autres bars à concerts à Rennes ?
Tous ceux qui font des concerts ! Je n’ai pas le temps d’y aller malheureusement mais j’adore le Chantier, le Mondo Bizarro, le Dejazey, le Gazoline, le Bar’Hic (bien sûr). A partir du moment où il y a des concerts, je vote pour ! Plus il y aura de bars à faire des concerts et mieux ce sera pour Rennes. Il n’y a pas de notion de concurrence entre nous.

Aurais-tu des conseils à donner pour ouvrir un bar comme le Ty Anna ? Des conseils que tu aurais aimé qu’on te donne avant de te lancer ?
Il faut faire comme on a envie de faire. Il faut accueillir comme on a envie d’être accueilli, il faut recevoir comme on a envie d’être reçu. A un tout petit niveau, j’étais musicien quand j’étais étudiant, je jouais dans des bars et ça m’a aussi appris pas mal de choses. J’ai envie de faire comme les endroits où, à l’époque, on m’a bien reçu. Ne pas reproduire ce que je n’ai pas aimé dans certains bars. Il faut se mettre à la place de l’autre. Sourire pour que les clients sourient, etc.

C’est quoi le budget pour venir passer une bonne soirée au Ty Anna ? L’entrée et la bière de base sont à combien ?
Il n’y a pas de prix d’entrée. Ici, c’est toujours gratuit, puisque je suis en mode découverte la plupart du temps. La bière de base est à 2.50 euros comme partout. Par contre, le café est à seulement 1 euro, ça peut servir pour le capitaine de soirée.

Budget moyen pour votre soirée au Ty Anna Tavarn :
L’entrée est donc gratuite. Vous buvez toujours 3 bières pendant votre soirée. Vous prenez la bière la moins chère car vous passez vos soirées à la Quincaillerie Générale, au Melody Maker, au Oan’s, au Marquis de Sade, au Mondo Bizarro et au Gazoline. Découvrir ou re-découvrir de la bonne musique, c’est un budget !
Entrée GRATUITE + 3×2,50 euros de bières = 7,50 euros pour une bonne soirée au Ty Anna Tavarn.
Budget plus que correct non ?


On pourra écouter des concerts encore longtemps au Ty Anna ? Tu as peut-être d’autres projets en tête ?

Je vais continuer sur cette lancée, améliorer encore tout ça, des petits changements de sono, de lumières, de scène pour mieux accueillir les groupes et les spectateurs. Je m’occupe déjà de plusieurs lieux (le Ty Anna, le Bar’Hic et le Petit Bar), donc je vais en rester là pour le moment.

Merci Gweno.

Rendez-vous la semaine prochaine pour le comptoir d’été #8 !
Lire l’épisode 6 avec Rodrigue de la Quincaillerie Générale.

Propos recueillis par Lucie et Cath
Crédit photo : Lucie

Le Ty Anna Tavarn : place Sainte-Anne à Rennes
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