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Comptoir d’été #8 : le Chantier

Pendant la trêve estivale, rennes musique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…

Episode 8 : rencontre avec Brice du Chantier, responsable depuis deux ans de la programmation et des expositions.

C’est quoi l’histoire du Chantier ? Depuis combien de temps on vient écouter de la musique ici ?
Le bar a été crée en 1998 par Karl. C’est le premier bar électro-free de tout le grand Ouest, à l’époque de la techno, de la jungle, des squats, de toute la culture qui va avec. Certaines choses sont venues après comme l’abstract hip-hop, mais la base c’est vraiment la techno depuis dix-sept ans. Avant le Chantier, c’était déjà un repaire à musicos. Karl y bossait en tant que serveur et à racheter le lieu. Les gens venaient pour trouver des musiciens, passer des annonces, etc. Ca s’appelait le Bagoul.

Qu’est ce qu’on écoute au Chantier ? Uniquement de l’électro ?
De l’électro et de la techno. On fait aussi des JAM funk tous les premiers mercredis du mois avec Muppet, un pote, et ça cartonne. On se lance aussi dans quelques concerts jazzy. Il faut savoir qu’un bar se construit aussi avec ses serveurs. Moi je suis venu avec un bagage hip-hop, world music, jazz, et je le partage ici. Une serveuse est pas mal portée sur le rock donc elle en passe et on a fait quelques teufs rockabilly en terrasse.

De façon générale, ça tourne autour de la musique électronique. On fait entre trois et quatre soirées par semaine, du mercredi (ou jeudi) au samedi.

Un concert qui t’a marqué ? Ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir ? Asian Dub Foundation, en 2002 pendant les Bars en Trans. Il y avait du monde jusque de l’autre côté de la rue ! C’est des moments comme ça qui m’ont donné envie de bosser au Chantier. On a aussi eu X Makeena, un vieux groupe rennais à l’ancienne. Au Modul Club, on a programmé Dan, alias Dj Good Felling (batteur du groupe Success) un batteur extraordinaire qui fait de la batterie électro. Parmi mes multiples très bons souvenirs : Le Peuple de l’Herbe, Manu le Malin, etc. Aujourd’hui, la musique électro s’est beaucoup démocratisée. On programme aussi pas mal de jeunes DJ comme Ringard qui fait de super sets, il y a toute une nouvelle génération qui arrive !

Qu’est ce que ça t’apporte ? Le côté positif ?
Avant j’étais vendeur de bières au marché des Lices et j’aimais bien, c’est aussi un truc que j’ai ramené ici. Grâce à Karl, ce bar c’est comme de la pâte à modeler, chacun arrive et peut faire ce qu’il veut, partager ses passions. Du coup, on propose des bières artisanales qu’on ne retrouve pas forcément dans d’autres bars. Niveau son, on peut aussi se faire plaisir. On est libres en fait, on peut faire des sessions différentes selon nos goûts. Aujourd’hui, on a un calendrier serré, on a plus de demandes que d’offres au niveau musical. Il faut gérer cet aspect. C’est aussi le milieu de la nuit, c’est la fête, les rencontres, les réseaux. C’est super agréable, sachant qu’on participe à beaucoup de soirées avec des collectifs rennais. C’est un terrain de jeu super stimulant, on n’est pas bloqués dans une case. On a la chance ici d’être libre. Je pense qu’on est un des derniers bars à Rennes à avoir cette liberté. Le client est roi certes mais le client s’adapte à nous et nous, on s’adapte au client. Il y a un partage, de la discussion entre les gens, des choses à apprendre. Sans tout ça le deal n’est pas intéressant pour moi. Il y a une variété dans la clientèle aussi. On fait à manger le midi donc on a des clients qui ne viennent qu’à ce moment, ou le soir, ou les deux. La clientèle peut donc beaucoup varier en une seule journée.

Est-ce que tu participes à des festivals sur Rennes ?
Les Bars en Trans, Culture Bar-Bars, Nordik Impact. On bosse surtout avec les collectifs rennais comme Chevreuil par exemple qui est en train de se monter avec Gaspard qui travaille ici. Mais aussi Twisted, Open Fader, Size, /RAW/. On a déjà eu notre propre festival il y a quelques années au Jardin Moderne. Avec l’association du Chantier, c’est un projet qu’on veut redynamiser pour l’année prochaine avec un plateau de jeunes talents. On aimerait bien pouvoir faire des soirées à l’extérieure du bar. Mais je ne peux pas en dire plus pour le moment…

As-tu participé à l’essor de groupes rennais ?
Oui ! Il y a eu X Makeena, ils jouaient tout le temps au Chantier à l’époque. On a eu Ringard qui a commencé ici, Fox. Pas mal de petits jeunes sont venus faire leurs premières armes ici. On participe à leurs débuts, à la culture électro rennaise.

Rencontres-tu des difficultés ? Des plaintes avec le voisinage ou la ville de Rennes ?
On est en bas de la place des Lices, ce qui est un avantage. On connaît tous les commerçants, tous les patrons de bars, tous les restaurateurs et la plupart du voisinage, qui sont souvent des clients. Forcément il y a des règles à avoir et à tenir. On a trouvé un équilibre. On fait attention avec le bruit, donc on n’a pas de problèmes. Après on a des dates comme les Trans, la Fête de la Musique, le 14 juillet, où on peut vraiment faire les fous. Sinon on est dans un respect mutuel, on n’est pas des pirates, on respecte la loi. Depuis que je bosse ici on a eu zéro plainte !

Que penses-tu de la politique rennaise concernant les lieux culturels ?
C’est assez compliqué. Avec Bar-Bars il va sûrement y avoir des choses qui vont être mises en place par rapport aux lieux de la nuit et aux bars. Je vois aussi l’évolution de la place Sainte-Anne en quinze ans et les problèmes de certains bars. La politique rennaise est en train de tuer le centre rennais et la vie rennaise. Des discussions se font, des réunions intéressantes ont lieu, mais je suis encore sceptique.

L’asso Bar-Bars fait bouger les choses et est finalement plus investie que la ville.

Quel/s autre/s bar/s à concerts tu aimes ? Tu as le temps d’aller écouter de la musique ailleurs ?
Avec mes horaires, j’ai pas le temps d’aller dans d’autres bars, sauf le Bar’Hic qui fait bar de nuit. J’aime le Bistrot de la Cité, c’est un très bon bar, les serveurs sont des potes. Pour moi ce bar fait vraiment partie de l’histoire, de la culture rennaise. Il fait parti des plus vieux bars de Rennes comme le Chantier ! Le Mondo Bizarro fait aussi parti des bars historiques de Rennes. Malheureusement, il y avait le 1929 qui a fermé. C’était pour moi LE lieu rennais, LE bar de la rue Saint-Michel.

Des conseils pour ouvrir un établissement comme le tien sur Rennes ?
J’avais ce projet en arrivant à Rennes mais j’ai vite arrêté, l’immobilier ici est extrêmement cher. Par rapport à des villes comme Tours, Angers, Nantes, un bar à Rennes coûte très cher. Si tu as envie c’est cool mais c’est beaucoup de travail, beaucoup de responsabilités, beaucoup de prêts (chacun dure sept ans). Si t’as pas le cash arrête tout de suite ou monte ton projet ailleurs qu’à Rennes ! La partie financière est une grosse barrière.

Quel est le budget moyen pour venir écouter un concert chez toi ? Combien coûtent l’entrée et la bière ?
Les soirées sont tout le temps gratuites sauf pour les Bars en Trans. La bière de base est à 2,50 euros, 3 euros avec la majoration, ce qui n’est pas énorme. Ca peut te faire une soirée à dix balles. La musique est gratuite, l’ambiance est là, on a des expos. Tout pour passer une bonne soirée !

Budget moyen pour votre soirée au Chantier :
L’entrée est gratuite. Votre consommation de bières est toujours au nombre de trois depuis le début du feuilleton
Entrée GRATUITE + 3×2,50 euros de bières = 7,50 euros pour une bonne soirée au Chantier.
Encore un budget très correct, comme les autres bars à concerts de notre feuilleton.


On pourra encore écouter des concerts au Chantier pendant longtemps ?

Oh que oui ! On est entre 3 et 4 soirées par semaine. On va racheter du matériel, des platines, pour passer à 4/5 soirées par semaine.

Merci Brice.

Rendez-vous la semaine prochaine pour le comptoir d’été #9, le dernier de la saison !
Lire l’épisode 7 avec Gweno du Ty Anna Tavarn.

Propos recueillis par Lucie et Cath
Crédit photo : Lucie

Le Chantier : 18 carrefour Jouaust à Rennes
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