Faauna, les pionniers d’un nouveau genre musical au Grand Soufflet.
Pour cette deuxième journée de festival, le Grand Soufflet a invité les argentins Faauna enrichis d’un accordéoniste et d’une danseuse depuis leur passage aux Transmusicales en 2009. Les créateurs de l’électro-cumbia ont répondu à nos questions avant de monter sur scène.
Rencontre avec Christian et Federico
Comment est né Faauna ? Vous existez depuis 2008 c’est ça ?
Nous avons commencé en 2003 exactement. En 2008, c’est l’année où nous avons fait notre premier disque. Comme c’était un genre musical nouveau, on l’a expérimenté pendant 5 ans. Le mélange électro-cumbia n’existait pas avant ! On a tâtonné pendant 5 ans avant de se décider à sortir notre premier disque. Faauna est né dans un contexte social très particulier en Argentine. On a traversé une très grosse crise.
On a essayé d’en parler à travers notre musique, on voulait offrir une réponse à cette crise sociale argentine avec notre musique. Voilà comment et pourquoi est né notre projet.
Au début vous deviez vous appeler « cumbia de la jungla « , c’est votre amour des animaux qui vous a décidé à vous appeler « Faauna » ? (rires)
En fait, la cumbia de la jungla est un genre musical et finalement c’est nous qui l’avons inventé. Notre producteur appelait cela de la cumbia digitale d’ailleurs. On ne pouvait donc pas s’appeler comme cela, Faauna, ça sonnait bien tout simplement !
Pourquoi y avoir ajouté un A entre temps ?
La formation musicale a évolué au fil des années, on voulait juste marquer le changement. Une nouvelle lettre pour un nouveau projet.
Votre musique est un mélange de cumbia, de drum’n’bass, de tropical bass et de hip-hop. Comment définiriez-vous votre son ?
Nous faisons du « global ghetto » !
Nous rendons hommage aux différentes musiques des différents ghettos du monde, mais pas au sens péjoratif. Nous nous inspirons des différents types de musiques qui sont nés dans ces différents ghettos en y ajoutant ce qui vient de chez nous. Dans notre zone urbaine à nous, c’est la cumbia qui est prédominante.
Comme vous l’avez déjà dit au début, vous avez voulu unir l’électronique et la cumbia qui, dans le début des années 2000, étaient synonymes de 2 classes sociales différentes en Argentine. Vous vouliez casser ces murs ?
C’était tout à fait notre optique ! Dans les années 90, il y avait un gros fossé, une grosse crise sociale dans notre pays.
La cumbia, c’était la musique des pauvres, l’électro la musique des plus riches. On voulait rapprocher tout le monde.
Les débuts ont été très difficiles, notre projet n’était pas bien reçu. Les gens y voyaient un projet kitch. On a essuyé beaucoup de critiques au départ mais avec le temps notre musique a été acceptée. Nous voulions harmoniser toutes ces classes sociales, les rapprocher.
C’est à partir de là que sont nées les fameuses soirées ZZK Records ? Vous pouvez m’en parler ?
Oui ! L’objectif de ces soirées étaient de créer une niche, un espace pour ce nouveau genre musical. On a rencontré différents artistes qui étaient dans la même mouvance comme Remolon. Les soirées sont nées comme cela, une envie et un endroit pour faire la fête avec ce nouveau style musical.
Et petit à petit vous avez évolué vers du chant, rajouté de l’accordéon, une danseuse. Vous évoluez encore aujourd’hui ou vous avez trouvé votre équilibre ?
On est toujours ouverts au changement. C’est aussi pour cela que ça fait 13 ans que nous existons, nous ne sommes pas figés, nous cherchons tout le temps. On a toujours envie d’amener de nouvelles choses, de nouveaux éléments. Aujourd’hui, on a quand même trouvé un certain équilibre avec le son de l’accordéon d’un côté, la musique électro de l’autre. Aujourd’hui, ça coule de source, on a trouvé une certaine harmonie dans ce que nous faisons.
Votre album « Psicodelia Cosa Seria » est sorti en 2015. Un autre en préparation ?
On va sortir un single pour la fin de l’année accompagné d’un vidéo-clip. On travaille là-dessus en ce moment.
Vous parlez de quoi dans vos chansons ? Vu tout ce que vous venez de dire, je me doute des sujets.
On essaie d’aborder différents thèmes, on peut parler de métaphysique, de sexualité sur fond de musique un peu psychédélique. On n’essaie pas de se la jouer « les gars de la rue « mais on sait qu’on a une certaine responsabilité à travers notre micro.
On a une certaine responsabilité par rapport à ce que l’on transmet au public. On essaie donc de réveiller un peu les consciences en parlant de ce qui se passe autour de nous, dans notre pays.
Vous pouvez me parler de Mendoza ?
Nous sommes tous les 2 de Mendoza. Aujourd’hui nous vivons à Buenos Aires mais nous sommes avant tout de Mendoza. L’ambiance de Mendoza est bien particulière, la ville de Buenos Aires est très différente, beaucoup de folie, beaucoup de mouvement. On veut rendre hommage aux paysages, à la vie, à la ville de Mendoza.
Il y a des différences entre la cumbia du Chili et celle d’Argentine ? Entre celle de Colombie et la votre ? Qu’est-ce qui caractérise la cumbia d’Argentine ?
Mais même au sein même de l’Argentine il y a différents types de cumbia. La cumbia de Santa Fé est très musicale par exemple avec beaucoup de guitare, beaucoup de chants. Il y aussi la cumbia des quartiers pauvres de Buenos Aires, un peu plus obscure, un peu plus dark, un peu plus brute. C’est d’ailleurs le type de cumbia le plus présent et le plus influent d’Argentine. Au sein même du pays, tu en a déjà plein alors entre chaque pays, la liste peu être très longue !
Vous êtes déjà venus à Rennes puisque vous avez joué aux Trans en 2009. Quel souvenir gardez-vous de cette date ? Ce festival vous a-t-il ouvert des portes en Europe ?
On en garde un excellent souvenir ! C’était monstrueux de jouer aux Transmusicales. On est rentré dans une grande équipe très fermée. Très très bon souvenir.
Et les bretons sont comme les argentins, très accueillants, très chaleureux, ouverts, moins fiers qu’ailleurs. Vous aimez bien faire la fête comme nous !
Cette même année nous avons joué au festival Roskilde à Copenhague et à Coachella à Los Angeles. On a donc eu 3 belles opportunités la même année !
Merci Christian et Federico.
Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Martin del Pozo
FESTIVAL DU GRAND SOUFFLET
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