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Fauve : félins pour l’autre.

Fauve est ce genre de groupe qui ne laisse personne indifférent. Soit on aime soit on déteste. Leur médiatisation, et le buzz porté par les fans en agacent déjà quelques uns. C’est vrai qu’1 million 800 000 vues pour 4 titres sortis il y a moins d’un an peut provoquer le tournis.

Samedi 20 Avril. Une table sous le soleil du Thabor, ambiance détendue, au son des balances de Lescop, une belle rencontre avec 4 membres de Fauve accompagnés de leurs amis. Si il y avait bien un groupe qui devait être présent au Festival Mythos Arts de la Parole, c’est bien celui là.

Bonjour Fauve ? Comment allez-vous ?

« Ça va, on est super bien accueilli ici, les gens sont hyper gentils, il fait beau, il y a des bières au frais dans la caravane. On est très contents d’être là! »

Êtes-vous déjà venus sur Rennes auparavant ?

« Oui, certains d’entre nous ont de la famille ici. On est aussi venus aux Trans en 2005 il y avait Brian Jonestown Massacre, c’était hyper bien. Salut Jean-Louis!  »

Connaissez-vous des groupes de la scène Rennaise ?

« Pas vraiment, on connait bien entendu Marquis de Sade et un groupe de punk Rock pas très connu Trashington DC (groupe formé à Brest ndlr). »

Avez-vous des groupes avec qui vous avez des affinités ?

« On a pas fait beaucoup de concerts, pas côtoyé trop de groupes, il y a plein de trucs qu’on aime bien, mais au niveau des affinités artistiques, c’est un peu bizarre, on fait du parlé, on est un peu à part.
Il y a des trucs qu’on kiffe mais on ne connait pas grand monde. On a joué avec Apes & Horses un groupe qui défonce et ils sont hyper sympas. On a aussi croisé plusieurs fois les mecs de La Femme, en radio et en festival. Ils étaient d’ailleurs présents avec nous tout à l’heure. Lescop (en balance pendant l’interview) on les connait un peu. Tu vois, il y en a pas tant que ça. »

Avez-vous eu des demandes de collaboration ?

« Pas vraiment, on a eu des demandes de gens qui font de la musique dans leur coin, on a pas eu l’occasion, encore moins le temps de creuser le truc.
C’était compliqué pour nous, jusqu’à peu nous avions des boulots la semaine. C’était déjà un peu difficile de conjuguer notre vie et de développer notre projet. On va avoir plus de temps pour envisager plein d’autres choses, c’est cool. »

Vous avez tous cessé de travailler ?

« Oui ,depuis très peu de temps, cela fait entre une semaine et trois semaines pour tout le monde. »

Ce n’est pas trop étrange ?

Toujours l’impression que dans deux jours tu vas rentrer au bureau.

« Si on a l’impression que c’est un très long week-end. Toujours l’impression que dans deux jours tu vas rentrer au bureau »

Pas mal de concerts pour les jours à venir ?

« Oui, on commence à en faire pas mal, mais finalement on en a fait peu celui de ce soir sera le 13ème ou 14ème. »

La plupart de vos concerts se jouent dans des salles pleines, non?

« Non, au début, nous n’avons pas joué dans des salles à guichet fermé. Actuellement, encore, il y a également des concerts annoncés qui ne sont pas complets.
Sur Paris, c’est différent. »

Ces derniers mois ont dû être intenses. Quels jolis souvenirs avez-vous ?

« C’est super récent. Le truc était en gestation depuis un bout de temps. Il y a un an et demi on sortait un premier titre, un deuxième, un troisième à la rentrée… Depuis que Kané est disponible, cela a débuté de façon normal, il ne se passe rien et puis tu t’en fous, finalement. Tu fais pas ça pour cela. Cela s’est accéléré de septembre 2011 à l’été 2012. Depuis Octobre c’est parti presque en vrille, monté dans les tours à une vitesse incroyable.
Depuis ce moment, chaque jour nous surprend davantage. L’impression d’être dans un canular. C’est difficile à expliquer, cela a aussi des mauvais côtés mais minimes, on ne va pas te mentir.

Il y a une espèce de frénésie : ta routine et tous les trucs qui te faisaient chier dans ta vie, que tu racontes dans tes chansons et dans le projet finissent, d’un coup, par sauter et nous arrivons ici; La salle est dingue, on est accueilli d’une façon incroyable. On a des badges (rires) on nous paie l’hôtel, les gens sont hyper gentils. Ce n’est pas nos vies, on a jamais connu ça

. On a entre 25 et 30 piges, ce truc là quand tu as 18 ans et que tu as ton groupe de Rock tu le fantasmes, après tu rentres dans la vie active et tu oublies, tu continues à faire de la musique comme ça, comme exutoire.
Et puis pouf, cela arrive. Des beaux souvenirs on en cultive tout les jours mais on a toujours l’impression que c’est une blague. »

Il doit y a avoir une part de peur, non ?

« C’est un peu terrorisant, mélange de pression et d’excitation par rapport à tout ce qui arrive. Le vrai problème c’est que t’as l’impression d’être attendu au tournant sauf que t’as jamais voulu qu’il y en ait un, nous on se force à continuer droit dans le mur si il le faut mais en tout cas ne pas dévier.
On a fait Fauve parce qu’on avait besoin, c’est vraiment thérapeutique et on ne peut pas transiger avec ce truc là.
La pression c’est vraiment par rapport à l’attente que peuvent avoir les gens, on a jamais cherché à la créer.
C’est arrivé super vite. On a l’impression qu’ on a plus le droit à l’erreur.
Les gens qui posent le mot « phénomène », c’est le côté un peu chiant.
Si nous ne connaissons pas un groupe et que nous voyons ce mot partout, on a envie de voir si le truc défonce pour de vrai, si ce n’est pas le cas on sera hyper dur dans la critique.
Nous en sommes qu’au début, on va faire des erreurs, on va se planter, on va faire des mauvaises chansons, on revendique d’être faillible.
Que des gens nous jugent trop rapidement alors que nous sommes simplement des débutants, c’est notre principale peur.

Mais on est tellement contents d’être là qu’on va se battre et c’est cool

. »

Quand sort L’Ep ?

« L’EP sort le 20 mai. On l’a mis en ligne il y a peu. Il y a déjà quelques pré-commandes. C’est important pour nous, on l’a auto-produit, les enjeux pèsent directement. On suit un peu le truc pour avoir une idée. On a envie de le pousser le mieux possible. Si c’est un échec on s’en foutra un peu mais on aimerait bien réussir à ne pas trop perdre d’argent. »

Pourquoi avoir mis en ligne gratuitement tant de titres?

« On donnait des titres dès le départ pour partager. On avait aucune idée de la valeur que cela pouvait avoir. Maintenant on a quitté nos boulots, on essaie de faire les trucs les plus justes possibles. Si on souhaitait devenir riche on aurait pas fait Fauve, on aurait gardé nos tafs. Fauve on le fait par besoin d’exorcisme. On continuera a partager des titres gratuitement. On est des artisans, pas des artistes. L’argent n’est pas une priorité juste une considération ».

Tous les titres de l’album ont été écrits par vous ? Y a t-il eu du collaboratif?

« C’est une bonne question. On est hyper ouvert à la collaboration. Plus on est à à mettre des mots sur les choses plus cela fait du bien. On a manqué un peu de temps pour faire rentrer d’autres participants à l’écriture. Dans nos textes il y a plein de choses qui viennent d’un peu partout, des conversations avec tes proches, des personnes qui s’investissent, qui sont sensibles à ce que tu racontes. Certains textes que l’on nous envoie ne sont pas en rapport avec notre état d’esprit mais  y a des trucs vachement bien qu’on aimerait bien mettre en forme.
Dans St Anne, pleins d’anecdotes glanées de gens qui vivent la même vie que toi mais pas au même endroit. »

Justement vous avez du recevoir beaucoup de textes et certains intimes de vos fans ?

« Oui, c’est hyper bizarre de recevoir et toucher à ce point des gens. Quand on écrivait on était dans nos piaules, on y pensait pas du tout.

On reçoit des messages hyper forts. Beaucoup de ces messages commencent par : « je n’aurais jamais osé écrire et dire cela à personne mais vous m’avez donné l’envie de m’exprimer »

. C’est hyper beau. »

Quelle est la question la plus récurrente que l’on vous pose en interview?

« Celle-là (Rires)! Non, non c’est pas vrai.C’est souvent des questions du genre : Quelles sont vos influences? D’ou vient le nom Fauve ? Pourquoi le symbole Différent ≠? La comparaison Diabologum arrive de temps à autre. C’est d’ailleurs un groupe que l’on a jamais écouté. »

Pour vous la meilleure chanson pour faire l’amour?

« Un truc de Marvin Gaye. Non, non un truc de Rap Caillera genre Booba (Rires). Marvin Gaye c’est trop classique. Rancid. Non des trucs plus classiques Barry White, Sam Cooke , Leonard Cohen. Gainsbourg… »

 

Sur la scène du Cabaret Botanique, le groupe est soudé, les musiciens se regardent, reprennent les textes, sourient. Le chanteur, lui, crache ses textes comme si c’était la dernière fois. On y sent la sincérité, l’urgence, les écorchures. Il occupe la scène, tournant en rond, rapide et haletant, tel un lion en cage.

Dès les premières notes, on sent le public vibrer, les gens ont le visage tantôt tendu, tantôt souriant. Les corps s’agitent. Les applaudissements sont chaleureux.

Souvent et à tort la presse nous sort les étiquettes « phénomène » ou « nouvelle révélation Française ». Je crois que cela fait très longtemps que le mot révélation n’avait pas été utilisé à sa juste mesure. La claque fut cinglante, furtive mais de celle qui marque pendant très longtemps.
L’aventure n’en est qu’au début, mais ce qui est sûr, c’est qu’entre Fauve et son Public une belle histoire est en train de naître, c’est deux là sont vraiment fait l’un pour l’autre et ne sont pas près de se quitter.

 

Photo du concert par Phillipe Remond.
E
ntretien par Anthony.

FAUVE MYTHOS

 

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