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I found love : LUST FOR YOUTH – Mondo Bizarro

Lust For Youth est le projet du suédois Hannes Norrvide, débuté en 2009 quand il vivait à Göteborg. Lassé du punk de son adolescence et ne savant pas vraiment jouer d’un instrument à part son vieux Casio, il se tourne vers l’electro lo-fi et la scène noise. Son premier essai « Solar Flare » sort en 2011, suivi en 2012 de « Growing Seeds », « Perfect View » en 2013, et tout récemment « International ». Pendant ce temps il a déménagé à Copenhague rejoindre son amoureuse, se sont ajoutés à l’aventure Loke Rahbek (co-fondateur du label local Posh Isolation et de divers projets comme Damien Dubrovnik, Croatian Amor et le défunt Vår) puis Malthe Fisher (qui officiait dans Oh No Ono), et le label new yorkais Sacred Bones a réédité « Growing Seeds » en 2013 avant de publier les albums suivants, ce qui a contribué à donner de la visibilité au projet.

Ca faisait bien un an que j’attendais de les voir sur scène, j’étais donc toute contente d’apprendre leur venue au Mondo Bizarro ce 30 septembre pour présenter leur dernier album. J’admets avoir mis un certain temps à l’apprécier, sa couleur plus légère et pop m’ayant un peu déstabilisé par rapport aux précédents albums sombres et inquiets, mais il m’a suffisamment accompagné cet été pour m’y habituer. Le concert était organisé par Être Assis Ou Danser, un duo qui programme régulièrement des concerts de minimal synth/wave (Martial Canterel, Xeno & Oaklander, Lebanon Hanover, Indian Jewelry pour en citer quelques uns auxquels j’ai assisté), et la jeune association répondant au doux nom de Essuie Ca Vite Et Bien.

Le trio était bien fatigué par le rythme de la tournée mais j’ai tout de même pu faire quelques photos et discuter un peu après leur petite sieste, surtout avec Loke Rahbek. Il est plus facile d’initier la conversation avec quelqu’un quand on a déjà partagé un secret, à savoir « The Wild Palms », la dernière cassette de Croatian Amor disponible uniquement entre le 22 juin (le jour des 25 ans du monsieur) et le 22 juillet contre une photo de soi nu de face avec le nom du projet écrit sur soi. L’échange ne reposait pas sur l’argent mais sur un partage d’intimité, l’idée m’avait séduite. Il me remercia en me confiant qu’il avait été étonné d’avoir reçu non pas une trentaine de réponses comme pressenti mais 327, ce a quoi j’ai répondu « les gens aiment envoyer des photos d’eux nu » (mais ça n’engage que moi). J’ai aussi évoqué les photos que j’ai faites à Posh Isolation avec Christian Stadsgaard (l’autre fondateur du label et de Damien Dubrovnik) (http://lucieinland.com/posh-isolation) et mon passage au Mayhem (http://lucieinland.tumblr.com/post/81767881980/im-in-copenhagen-for-a-few-days-yesterday-night), l’incontournable QG de la scène alternative de Copenhague, ce qui m’a donné envie d’y retourner dès que possible. Je suis rarement impressionnée quand je rencontre quelqu’un mais je dois avouer que Loke Rahbek a un truc captivant, entre son parcours artistique (sa formation d’artiste visuel qui le mène à la noise, son intérêt pour le « Théâtre de la cruauté » d’Artaud afin de penser la performance et le rapport au public, son regard queer sur l’expression de genre et de sexualité) et cette façon de parler calmement en me clouant des yeux.

Après un set de la parisienne Micro Cheval qui ouvrait la soirée Lust For Youth pris place sur une scène sombre et embrumée. Une ambiance parfaite pour la musique même si impossible de faire des photos dans ces conditions mais j’en profite pour poser mon appareil et me laisser porter par la musique. Le public, majoritairement jeune et aussi enthousiaste que moi, se pressa vite aux premiers rangs de la petite salle du Mondo Bizarro. Le set fut efficace quoique trop court à mon goût (45 minutes, sans rappel, j’aurais bien entendu l’entêtant « Vibrant Brother » clôturer le set), alternant des morceaux d’ « International » (« Epoetin Alfa », « New Boys », « Chasing The Light », « Running », « Illume ») et des albums précédents (« Breaking Silence », « Always Changing », « Ecstasy », « Behind Curtains »). Hannes Norrvide, plutôt réservé hors scène, investit l’espace avec une belle présence, habité par sa musique. Vu le nombre de personnes dansant et s’embrassant autour de moi je ne suis clairement pas la seule à être sensible au moment.

Cette soirée fut à l’image d’ « International », ode à la vie de tournée entre décalage horaire, fêtes et rencontres fortes mais éphémères au gré des villes et des pays. Après de chaleureuses embrassades d’adieu je suis repartie chez moi, en espérant les revoir dès que possible sur scène, à Rennes ou ailleurs.

 

Lucie Inland.
http://lucieinland.com

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