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[JEU] Zenzile : « on essaie de s’inventer à chaque fois une nouvelle manière de jouer la même musique. »

Elements, le nouvel album de Zenzile est sorti le 24 février dernier. Ils joueront ce vendredi à l’Antipode pour une carte blanche à Yotanka. Nous avons pu les rencontrer quelques semaines avant.

Des places pour le concert de Zenzile le 24 mars prochain à l’Antipode sont à gagner à la fin de cette interview.

Rencontre avec Vincent et Alexandre

Votre nouvel album « Elements » parle de l’eau, de l’air, de la terre, du feu et de la vie. Vous retranscrivez tout cela dans les paroles mais aussi dans la texture de vos sons ?
Alexandre : au départ on voulait surtout faire un travail autour des images et du son. On sortait d’un ciné concert « Berlin » de 1927. Ce projet nous avait beaucoup plu. Plutôt que de faire la musique d’un film déjà existant, on a voulu faire de la musique en accord avec des images choisies. On a donc travaillé la composition en même temps que les images avec un vidéaste. C’est comme cela que le projet est venu. Les éléments c’était quelque chose qui nous parlait par rapport à nous en tant qu’être humain, où on en est aujourd’hui. C’est aussi un thème très large qui ouvre à beaucoup de choses.
Vincent : on aurait pu faire des cases avec un morceau qui rappelle la terre, un autre qui rappelle l’eau. C’est plus abstrait que figuratif. On ne va pas illustrer l’eau avec un morceau plus aquatique.
Alexandre : on a essayé de faire ça au départ, de mettre des cases. Mais personne ne tombait d’accord, certains voyaient du feu là où d’autre voyait de l’eau ou de l’air. C’est vraiment du ressenti personnel et on s’est dit qu’on se prenait la tête pour pas grand chose. On s’est dit qu’on allait créer quelque chose qui puisse faire penser à toutes ces choses.

Quel message vous voulez faire passer ? De quoi voulez-vous parler dans cet album ? De la place de l’homme au milieu de la nature ?
Vincent : il n’y a pas forcément de message directement. Les paroles ne sont même pas forcément en lien avec les éléments.

On est plus dans le questionnement de la place de l’humain aujourd’hui, le rapport à la nature, la place de l’homme sur terre et même dans l’espace.

C’est très simpliste mais l’homme se comporte comme s’il était propriétaire de la planète mais ça n’est absolument pas le cas.

Comment se passe l’écriture des textes ? Je sais que Zakia en a écrit. Vous n’avez peut-être pas tous la même chose à dire ?
Alexandre : on écrit un peu tous. Généralement, on se met dans un local, on joue, on trouve des idées. Pour Elements on avait beaucoup de matières, on a été assez créatifs dès le départ. On avait le gros du corpus dès notre première session. Ca se mélange pas mal, il y en a un qui ramène une idée, un autre qui rebondit et tout le monde participe. Quand Zakia est arrivée, on avait déjà pas mal avancé tous les cinq. A la base, on voulait faire cet album à cinq. Et puis, on a écouté ce que faisait Zakia, on connaît bien ses parents. Vincent l’a invitée à venir écouter nos compositions et s’essayer dessus. Il s’est trouvé que ça marchait vraiment bien. Du coup, elle a écrit des textes en fonction de voyages, elle revenait d’Inde. Elle avait pas mal de choses à raconter.
Vincent :

Au début on était centrés sur faire un disque plutôt instrumental, plutôt comme une bande son. Et puis, on s’est rendus compte que certains morceaux appelaient des chansons.

Avec nos capacités vocales, on n’a pas pu investir tous les morceaux. C’était donc intéressant de profiter de la présence de Zakia avec nous pour aller vers des chansons que nous n’étions pas capables de chanter. Elle était sur Paris à ce moment là, c’est vraiment des concours de circonstances, des rencontres qui font que le projet en est arrivé là. C’est comme cela que l’album a été plus cohérent autour d’elle. Il y a six chansons et trois morceaux instrumentaux.

Vous venez déjà de m’en parler un peu mais qu’a-t-il de différent ce 10ème album ? Plus pop peut-être ? Une nouvelle voix, celle de Zakia Gallard et deux musiciens derrière le micro.
Alexandre : il a sûrement un petit côté plus pop.

On a vraiment eu envie d’aller dans des sonorités plus 70, 80 avec des couleurs de synthés qu’on n’avait pas avant.

Il y a plus de plages assez planantes avec du guitare-basse-batterie par dessus.
Vincent : la différence avec les disques d’avant ou plutôt les différences, c’est la venue de Zakia sur cet album, nous aussi qui chantons sur trois morceaux. Moi, j’en chante deux, Matthieu en chante une en duo avec Zakia. Notre disque d’avant, Electric Soul, était plus reggae, dub, avec uniquement des chansons. La couleur aujourd’hui est donc différente. Et puis, les chants de Zakia et nous donnent un côté plus pop.

L’enregistrement de l’album a été confié à Peter Deimel du célèbre studio Black Box, comme pour Living In Monochrome, dans les conditions du live.
Pourquoi ce retour au Black Box ?

Vincent : au Black Box, tu peux enregistrer tout le monde en même temps. Il y a une cabine batterie isolée de tous, une cabine pour Zakia, et une grande pièce pour les autres. Tout le monde se voit et tout le monde joue en même temps. Tu gagnes en fraîcheur, tu fais trois prises. C’est un studio où il y a beaucoup de vieux amplis, t’enregistres en analogique.
Alexandre : toute la chaîne est analogique dans son studio, il connaît très bien son endroit. On avait déjà eu une expérience avec Peter qui s’était bien passée. Et puis, c’est une méthode de production qui a fait ses preuves, beaucoup de disques ont été enregistrés comme cela.

Ca nous a plu de pouvoir jouer en conditions directes, de ne pas faire cinquante prises, seulement de faire des rajouts qui pouvaient servir les morceaux.

La prise principale permet d’avoir la matrice du morceau. On était plus efficaces en temps lors de l’enregistrement et de la post-production. On a enregistré onze morceaux en sept jours, on en a gardé neuf.
Vincent : avant de faire un morceau, Peter passe du temps avec chacun pour avoir le bon son. Quand la prise est bonne, 90% de son mix est fait. Il n’a plus que des niveaux à faire, tout est plus simple. Tu gagnes du temps, de l’énergie et du plaisir.

Vous avez donc composé dans le but d’un live dont votre album serait l’outil ? C’est en quelque sorte la BO d’un nouveau spectacle comme pour Berlin il y a 2 ans (même si les images de Berlin existaient avant la composition).
Alexandre : on a composé dans une salle qui s’appelle Tostaky qui est à côté du Chabada à Angers. On composait en même temps que notre ingé lumière qui envoyait des images. On avançait en même temps. On ne voulait pas d’abord faire la musique et ensuite choisir les images, ou l’inverse. On voulait vraiment tout faire ensemble.
Vincent : et puis on ne voulait pas un fil conducteur avec ces images. Ce sont plus des images de matières. A la fin on avait donc toute une bibliothèque d’images qui permettait d’illustrer le propos musical. On a réalisé un objet global dans lequel il y a de la vidéo et de la musique.

Ca change votre façon de composer ?
Vincent : dans ce cas présent, pas forcément. C’est pas comme quand tu dois souligner une narration ou une intrigue, ta musique doit être reliée aux images. Pour cet album, on n’avait pas ce genre de contrainte, on cherchait des images d’ambiance. Tout cela reste un album et un concert, cela ne change rien dans la façon de composer, de travailler, si ce n’est la présence de l’ingé son en même temps que la composition pour obtenir une unicité.

C’est ce qui vous anime aujourd’hui ? Travailler le son et l’image ?
Alexandre : c’est quelque chose qu’on a toujours aimé faire. On ferait bien des BO pour des films, mais vu que ça ne vient pas, on s’est dit qu’on allait le faire !
Vincent : c’est pour ça qu’on a travaillé sur des ciné-concerts. La meilleure manière de travailler une musique de film, c’est d’en choisir un dans le domaine public. On l’a fait avec « Le cabinet du Dr Caligari » et « Berlin ». Il y avait une narration, une intrigue, c’était des films muets, on avait donc tout le loisir de les illustrer du début à la fin avec de la musique et parfois du silence.

Comment avez-vous travaillé votre scène ? Au Quai à Angers l’année dernière c’est ça ?
Alexandre : on a joué Berlin à la Collégiale St Martin dans un lieu plutôt joli. Le directeur du Quai est venu nous voir et a adoré. Il nous a donc donné une carte blanche. On avait des actions tout au long de l’année en rapport avec le Quai et une résidence avec deux concerts à donner à la fin. On a fait d’autres résidences à Liffré, à Périgueux, pour finaliser et continuer de travailler notre live. On a fini nos résidences la semaine dernière au Chabada.
Vincent :

On continue de travailler le rapport musique-images dans le sens où ce n’est pas synchronisé, tout est envoyé en temps réel.

On essaie de mettre tout ça au point, entre le jeu des lumières, les images, la musique et l’ambiance globale qui en ressort.

Vous avez travaillé avec Julien Brevet pour les images. Elles viennent d’où ces images ? Comment on trouve les bonnes images pour la bonne musique au bon moment ?
Alexandre : il récupère des images mais il en fait aussi.
Vincent : il faut trouver des images inspirantes. A un moment donné, on a juste des images de nuages projetées, c’est donc parfois assez simple. Il avait plutôt carte blanche sur ses choix. On a filmé nos résidences pour regarder ensuite ensemble ce que ça donnait. Chacun donnait son avis. Les images sont un peu abstraites, cela peut être un pissenlit qui perd ses poils pour évoquer le vent mais tu ne le devines pas tout de suite.

Quand on voit certaines photos sur les réseaux, on s’attend à beaucoup d’images en fond de scène, beaucoup de couleurs. Vous pouvez m’en dire plus ou c’est top secret ?
Vincent : on ne cherche pas à faire disparaître le groupe derrière les images et inversement, c’est plus comment elles peuvent illustrer la posture du groupe le temps du show mais cela reste un concert classique, il n’y a pas de dispositif nouveau. Il y a des moments sans vidéos, avec juste des tableaux de couleurs.

Au bout de 20 ans de carrière et 10 albums, comment on se réinvente ? Quelle est votre recette pour ne pas vous épuiser, vous essouffler, vous renouveler à chaque album ?
Alexandre : on arrive à bien s’entendre et à bien se parler et ça c’est la recette ! On continue de prendre du plaisir à jouer ensemble, ça aide à durer. On sent que les gens nous attendent et veulent nous voir sur scène, donc c’est motivant.
Vincent : on évolue ensemble, on suit notre cours, on continue de faire de la musique qui nous rapproche tous. On ne se soucie pas des étiquettes, on peut faire de la dub, et ensuite quelque chose de plus pop, et revenir à de la dub, c’est selon ce qu’on a envie de faire tous ensemble.

La meilleure définition de Zenzile c’est que c’est un groupe qui essaie de s’inventer à chaque fois une nouvelle manière de jouer la même musique.

Merci Alexandre et Vincent.

JEU
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Pour cela, répondez à cette question :
Qui partagera l’affiche avec Zenzile le 24 mars prochain à l’Antipode ?

Pour jouer et tenter de gagner votre place, envoyez un mail à : catherine@rennesmusique.com en précisant vos nom, prénom et en indiquant «Jeu Zenzile» en objet du mail.
Attention : une seule participation par personne pourra être validée. Un tirage au sort sera effectué parmi les participants ayant donné la bonne réponse. Les gagnants recevront un mail. Jeu valable jusqu’au 23 mars à midi.
Le jeu est terminé ! Bravo à Anne-Sophie, Thomas, Claude et Philippe. Bon concert à vous 4 !

Propos recueillis par Cath
Crédit photo : David Gallard

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