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Labels d’été #04 : Les Disques Anonymes

Après notre série « Comptoirs d’été », nous vous proposons de découvrir les labels rennais pendant cette trêve estivale, et les personnes qui se cachent derrière. Ces labels qui nous font découvrir des artistes, et qui organisent des concerts toute l’année dans notre ville.

Episode 04 : rencontre avec Guillaume Derrien de Les Disques Anonymes.

Comment et quand est née l’aventure de Les Disques Anonymes ?
Le label est né en 2012. J’avais monté l’association parce que j’avais plusieurs groupes persos comme la plupart des personnes qui montent des labels. On a commencé en produisant des enregistrements des groupes dans lesquels je jouais. Quand tout a été mis en place, on a produit d’autres groupes avec David Moreau. En 2012 on a donc fait nos premiers enregistrements, nos premiers mixages et nos premières sorties.

Qui est derrière Les Disques Anonymes et comment sont répartis les rôles de chacun ?
On a une trajectoire différente. Au début on était uniquement sur la production discographique et au fur et à mesure c’est l’organisation d’événements qui nous a pris de plus en plus de temps. On a donc commencé sur le label David et moi. On s’est entourés de bénévoles pour les concerts des groupes avec qui on travaillait. On s’est ensuite retrouvés à organiser des festivals. Tout ça a complètement changé la physionomie du label. Les concerts ont apporté des moyens plus conséquents, on s’est donc mis à sortir des objets plus beaux comme des vinyles mais on en a sorti moins car moins le temps pour le faire. Il y avait donc beaucoup plus de sorties les 2 ou 3 premières années. On était plus actifs sur les sorties au début et on prenait beaucoup de temps sur les objets. On sortait des choses avec de la couture et autres.

On passe beaucoup plus de temps aujourd’hui sur l’organisation de nos festivals où on ne manque pas de programmer les groupes qui sortent des albums avec nous comme Bière Noire à la dernière édition du festival Treize, qui avait aussi fait l’affiche du festival.

Comment vous choisissez les artistes avec qui vous allez travailler ? Comment repérez-vous les artistes ? Vous fonctionnez à l’instinct, vous les voyez tous en live ?
On fonctionne au réseau avec les groupes qu’on a déjà produit et les groupes qu’on a programmé dans nos festivals. Ca fonctionne comme ça, par affinité, la sollicitation de groupes qu’on ne connaît pas ne fonctionne pas avec nous. Aujourd’hui, on n’a plus qu’une sortie par an donc on ne prend plus ce temps qu’on avait au début pour cette partie label.

Vous recevez beaucoup de démos ?
On est beaucoup sollicités, on n’a pas le temps de tout écouter et de toute façon, on fait très peu de sorties.

Est-ce qu’il y a des critères de choix artistiques pour pouvoir signer chez Les Disques Anonymes ? C’est quoi la philosophie du label ?
Aujourd’hui on ne travaille qu’avec des gens qu’on connaît. Artistiquement on est un peu partis dans tous les sens.

C’est plus l’esprit qui va guider nos choix, le côté bancal, lo-fi, un peu fragile.

On est quand même beaucoup sur le synthé avec une recherche de son particulier et une utilisation particulière. On sort pas mal de pop, de la pop déguisée derrière de l’électro ou du métal. Ce qu’on programme dans nos festivals n’est pas forcément ce qu’on sort. On programme 60 groupes à Visions donc la proposition est beaucoup plus large que ce qu’on peut faire sur le label.

Combien d’artistes sont signés chez Les Disques Anonymes actuellement ?
Je n’ai pas le compte précis. On a une soixantaine de références avec les rééditions, les sorties vinyles et cassettes. Je pense qu’il y a une quinzaine d’artistes environ.

Quelques photos de l’association en réunion pour le festival Visions :

Tu aurais un Top 3 à me donner ? C’est une question difficile…
Je citerais Pocket Burger parce que c’est le premier artiste avec qui on a travaillé, il est à Bruxelles maintenant et sur d’autres projets.

Pocket Burger était un projet particulier puisque c’était de l’eurodance, un peu putassier et dégueulasse avec des textes assez sensibles donc bien décalé.

Je pense aussi à My Disco Jacket, il est de Lille et c’est un projet un peu particulier dans le sens où je l’ai découvert sur Bandcamp, donc pas par affinité, et on a commencé à échanger. On a sorti 1 EP et 3 albums avec lui. Et en dernier, je citerais Black Regent, un projet qu’on avait avec David, et qui jouera à Visions cet été. C’est le groupe qui est à l’origine du label !

Quel est ton dernier coup de cœur que tu aimerais avoir chez Les Disques Anonymes ?
Comme on n’a pas vraiment les moyens cette année, je n’ai pas vraiment été voir des concerts ou écouter des groupes dans cet optique. Mais j’aime beaucoup toute la scène électronique qu’il y a en ce moment comme Coucou Chloé qu’on a fait jouer à Treize cette année.

Et d’ailleurs, pourquoi ce nom ?

Ce nom, c’était un peu un calembour avec les Alcooliques Anonymes, c’est parti d’une blague qui est restée.

Ca nous prendrait trop de temps aujourd’hui de changer le nom de la structure alors on l’a gardée !

Les groupes attendent souvent beaucoup des labels qui les signent. Peux-tu nous dire ce qu’un label comme Les Disques Anonymes attend d’un groupe ?
On est un petit label avec une petite production donc on n’est pas en mesure de réclamer quelque chose. On attend principalement que les groupes aient des concerts pour pouvoir rendre visible le label et vendre leurs disques. On a aussi fait des sorties avec des groupes qui ne jouaient pas et ça s’est bien passé aussi donc il n’y a pas vraiment de règles. C’est plus un rapport de camaraderie avec les artistes qu’on produit.

Les groupes savent très bien qu’on n’a pas d’argent à investir sur de la communication ou autres, ils attendent juste un bel objet bien produit.

Etre un label indépendant aujourd’hui c’est difficile ? Comment vois-tu l’avenir des labels comme Les Disques Anonymes ?
Toutes nos sorties ne couvrent pas les frais engagés. On peut mettre plusieurs années à récupérer notre investissement initial, surtout quand tu fais des sorties vinyles, ça coûte plus cher. Et si on récupère notre investissement initial, c’est déjà beaucoup. Il ne faut pas faire ça pour l’argent aujourd’hui, c’est une évidence. On fait ça juste parce qu’on a envie de produire des disques, c’est la seule bonne raison.

Un label indépendant, c’est un gouffre financier, un gouffre de temps, mais c’est le plaisir de continuer à sortir des disques.

C’est le plaisir de produire des choses que les grosses structures ne produiront pas, le plaisir de prendre des risques.

Vous sortez les albums  uniquement sur vinyles ?
On a arrêté les CD il y a longtemps. On continue de produire des cassettes de temps en temps, le marché est là, il y a pas mal de gens fétichistes de ce support. Ca se vend assez bien. Il faut qu’il y ait des petites choses esthétiques comme la bande d’une certaine couleur et le plastique d’une autre couleur, la pochette faite à la main. Mais la plupart de nos sorties sont effectivement sur support vinyle.

On fait des petites séries avec des couleurs inhabituelles, des disques translucides, des disques quasiment pliables ou autres.

Ce sont des petites séries limitées qui nous permettent de passer plus de temps sur la pochette et tout le reste.

Selon toi, qu’est-ce qui fait un bon groupe aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu penses de la scène musicale actuelle ?
Je continue de découvrir des choses, de rester humble et de ne pas avoir un avis trop tranché. J’aime me faire surprendre, je me retrouve à aimer et programmer des choses que je n’aimais pas il y a quelques années.

J’aime les groupes qui prennent des risques, qui vont dans l’extrême dans tous les styles.

Et la scène rennaise ?
Il y a toujours un peu de renouvellement mais on a toujours tendance à rester avec les copains. Je pense à Cachette à Branlette par exemple ou Bois Bandé qu’on fait jouer cet été à Visions, un groupe dans lequel il y a Charles de La Honte et Robin de Rouge Gorge, des groupes dont on se sent proches. Je pense aussi à Nath et Jojo et Gare Sud qui font un peu partie de la famille. Rennes est un petit réseau mais je trouve que le renouvellement n’est pas forcément très rapide. A Rennes il y a les scènes electro et garage dans lesquelles on a du mal à s’insérer.

Ca nous va bien d’être un peu francs-tireurs !

Quelle sera la prochaine sortie de Les Disques Anonymes ?
Si le festival Visions ne se passe pas bien, il n’y aura pas de sortie car nous n’aurons pas les moyens d’en faire une. Si tout se passe bien, la prochaine sortie se fera probablement pour Visions 2019 ! C’est la première fois qu’on fonctionne comme cela, sans avoir de sortie en cours. On a reculé beaucoup de choses, j’ai dit non à beaucoup de monde. J’ai refusé Itoladisco avec qui on avait déjà travaillé qui voulait sortir un nouvel EP. On n’a pas d’argent donc on est obligés de tout stopper.

Un petit mot par rapport à l’appel de fonds que vous aviez fait pour Treize ?

Le mieux pour nous aider est d’acheter des places pour Visions. On a même fait des places de soutien pour que les gens nous aident à financer le déficit qu’on a eu sur Treize.

On devrait retomber sur nos pieds si tout se passe bien. On a du mal à réclamer de l’argent sans contrepartie donc quand on peut nous aider en venant à un festival c’est mieux !

Merci Guillaume.

Propos recueillis par Cath
Crédit photos : Politistution

Pour suivre l’actualité de Les Disques Anonymes : https://lesdisquesanonymes.bandcamp.com/

Pour tout savoir sur le festival Visions : http://www.festivalvisions.com/

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