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Slift : « On pense déjà un peu à la suite, ça évoluera constamment, on ne fera jamais deux fois la même chose »

Le trio toulousain SLIFT est de retour et vient de sortir son 3ème album « Ummon ». Un double album concept racontant l’exil des Titans, une odyssée onirique. Un nouvel album plus brut, plus lourd, plus cinématographique, dont on ne se lasse pas d’écouter les 11 titres. Une merveille.

Rencontre avec Jean, Rémy et Canek.

Votre album est inspiré de l’Odyssée de Homère et raconte le périple des titans pour retrouver leur créateur à travers l’espace et le temps. Vous pouvez m’en dire plus ?
Jean : on avait effectivement cette idée d’album concept avec un délire homérique vue l’histoire que nous voulions raconter. Pour faire court, ça parle de l’exil des Titans à la recherche de leur créateur et donc le retour des Titans sur Terre des millions d’années plus tard. C’est une façon de présenter le concept de manière brève et rapide.

C’est l’idée d’une Odyssée, on voulait vraiment faire un album où les morceaux se suivent, où il y a du lien entre chacun, et pas juste une succession de titres qui nous plaisent.

Quand vous parlez d’un album concept, est-ce que chaque titre est vraiment un chapitre ? Comment a-t-il été construit et écrit ? Comme un livre ?
Jean : oui c’est quasiment ça, il y a un ordre précis de chaque morceau. Il y a un début, une histoire et une fin. Il y a le départ depuis la Terre, ensuite toute une partie sur l’exil avec des plages plus instrumentales et cinématographiques, plus imagées.

Comment retranscrivez-vous cet album en live car tout l’album ne peut pas être joué ? Comment choisissez-vous les titres pour les lives sans dénaturer l’histoire ?
Jean : on est obligés de couper quelques parties car l’album est trop long pour être joué entièrement. En le jouant on s’y retrouve et cela n’enlève en rien le concept de l’album. Ce qui nous tenait à cœur c’est vraiment de jouer les morceaux au moins dans l’ordre dans lequel ils apparaissent sur l’album parce qu’ils sont quand même pensés pour s’enchaîner. Suivant les sets, on en enlève un ou deux mais c’est pas dramatique.

J’imagine que vous ne jouez donc pas d’anciens morceaux ?
Jean : c’est compliqué effectivement, on préfère jouer uniquement nos nouveaux morceaux.

Votre album est aussi un objet très esthétique avec ce visuel de Philippe Caza, dessinateur qui fournissait notamment au magazine Métal Hurlant des histoires de SF. Comment s’est fait ce choix ?
Jean : ça faisait un petit bout de temps qu’on suivait ses illustrations. On est tombés sur ce visuel un peu par hasard et ça nous semblait une très bonne idée d’en faire notre pochette. On lui a expliqué l’idée de l’album et il a tout de suite dit oui.

D’ailleurs j’ai entendu dire que le visuel avait été acheté avant l’enregistrement de l’album. Est-ce qu’il vous a guidé, inspiré dans votre son, dans vos choix ?
Jean : c’était l’idée de base. Quand on a commencé à penser les morceaux, les répéter et quand on est allés en studio, c’était plus clair dans nos têtes. On a enregistré avec cette idée de noir et blanc, de quelque chose de plus radicale. Cela nous a forcément aiguillé dans le son, dans l’enregistrement. Tout ça s’est fait dans la durée, on avait cette image en tête donc on savait qu’on allait vers quelque chose de forcément plus heavy.

On a désaccordé nos instruments pour que tous les morceaux soient joués plus bas. La tonalité est donc forcément plus lourde.

Votre clip « Hyperion » est aussi en noir et blanc. Vous avez décidé d’arrêter totalement les couleurs ?
Rémy : c’est aussi et toujours la façon de dire aux gens qu’on est passés à autre chose. Entre le désaccordage, le noir et blanc, on montre aussi qu’on a envie de quelque chose de plus sérieux. On a pris beaucoup de temps pour le faire cet album, on l’a beaucoup joué.

On voulait sortir un album dont on soit satisfaits à 100%, dont on soit fiers.

On a vraiment pris le temps de le faire. On adore ce qu’on a fait avant mais on faisait ça beaucoup plus dans l’urgence. Là, on s’est donnés les moyens, on voulait être sûrs de ce qu’on voulait, c’est super plaisant.

Comme vous le dites, votre son a évolué, il est beaucoup plus brut, massif, les guitares sont lourdes, les voix sont nimbées d’échos. Vous avez trouvé votre son ou ce sont les groupes que vous écoutez aujourd’hui qui vous ont influencés ? Peut-être que la suite sera encore différente ?
Jean : la suite sera différente mais on est dans tous les cas tous plus à l’aise avec nos instruments respectifs, plus à l’aise sur scène. On a trouvé chacun notre place et notre son. On commence à réfléchir à d’autres trucs et ça va évoluer.

On pense déjà un peu à la suite, ça évoluera constamment, on ne fera jamais deux fois la même chose.

Toujours pour parler des changements, vous avez changé de label. Après Howlin Banana, vous voilà chez Vicious Circle Records. C’est aussi pour marquer une nouvelle ère ? Pour casser votre étiquette « garage » ?
Jean : c’est plus une rencontre qui a fait qu’on a changé de label mais effectivement on voulait aussi se détacher de cette étiquette. On adore la scène garage mais notre son n’est plus dans ce style.

De part les groupes qu’on écoute et la musique qu’on joue aujourd’hui, on voulait se détacher de cette étiquette « garage » hyper marquée et hyper cloisonnée.

Vicious est un label sans étiquette, ce label peut autant sortir de la pop que du piano voix.

Vous êtes aussi chez Stolen Body Records.
Rémy : oui c’est un label anglais chez qui on est depuis le début.

Comment l’album a-t-il été enregistré ? Dans une pièce minuscule avec les amplis à fond ?
Rémy : on a beaucoup plus pris le temps. Pour le premier album on avait pris trois jours, deux jours pour l’EP. Pour cet album, on a passé vingt jours en studio à Toulouse à Condorcet.

Condorcet c’est le studio emblématique de Toulouse qui va malheureusement se faire détruire pour le réaménagement du quartier de la gare. Grosse pensée pour Olivier Cussac.

Jean : c’est un super studio et on aime beaucoup Olivier Cussac. On l’avait rencontré il y a quelques années. Ca faisait longtemps qu’on voulait bosser avec lui, l’occasion s’est présentée avec ce nouvel album. C’était royal de travailler avec lui. Il fait de la musique de films donc c’était important pour nous d’avoir son point de vue étant donné le projet qu’on avait sur ce disque. Il nous a super bien aiguillé en studio.

Votre nom est inspiré d’une œuvre de Alain Damasio, qui est connu pour ses romans d’anticipation politique et ses engagements. C’est quelqu’un qui vous inspire ? Vous avez aussi un message politique dans votre musique ?
Canek : c’est moi qui ait fait découvrir cet auteur au groupe. J’adore ses bouquins, il faut les lire et les relire.
Jean : on a forcément trouvé ça intéressant de prendre le nom d’un personnage d’un de ses bouquins. On se retrouve dans ses idées. Au niveau politique, tout le monde peut y voir ce qu’il veut dans cet album mais il n’y a pas de parallèle à l’actualité récente.

C’est un album qui parle de voyage donc c’est assez libre au niveau interprétation.

Il y a un symbole qui revient sur tous vos visuels, vous pouvez m’en parler ?
Jean : c’est un symbole qui est là depuis notre premier EP, on trouve ça cool de le mettre partout, en caché, de laisser des indices, des petites miettes de pain entre les disques. Chacun y voit aussi sa propre signification.

Quelle est votre actu à venir ?
Gauthier (réalisateur du clip Hyperion) : il y a un nouveau clip qui sortira au printemps. C’est un clip fait totalement en effets spéciaux avec de vieilles techniques des années 70/80. De la science-fiction avec des maquettes. Ca sera sur le titre « Thousand Helmets of Gold ». Ca correspond au décollage des Titans vers l’Espace. Ils partent d’une planète sur laquelle c’est le chaos.
Jean : il y a pas mal de dates à arriver mais peut-être que certaines seront annulées (l’interview s’est faite avant le confinement et les annulations de tous les concerts). On va aller en Angleterre, en Espagne, au Portugal et il y a pas mal de festivals qui commencent à se profiler. Ca va être une belle année pour nous ! On est super contents de jouer au Duna Jam en Sardaigne, c’est un festival complètement sauvage. On regardait les vidéos des groupes qui ont joué là-bas, c’est un petit rêve qui se réalise. On pense peut-être à aller jouer aux Etats-Unis en octobre.

Pour finir, vous connaissez un peu la scène rennaise ?
Jean : on va jouer avec Guadal Tejaz vendredi (concert annulé depuis) à l’occasion de notre release party à Paris. On est potes.

On aime beaucoup la scène rennaise, on est bien potes avec Carambolage, Madcaps, toute la scène garage mais pas que…

On aime beaucoup aussi le duo électro Atoem, Initials Bouvier Bernois. Ils sont rennais hein ?

Merci Jean, Rémy et Canek

Propos recueillis par : Cath
Crédit photo : Franck Alix

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