Superets – Traits de caractère
Chaque année, Jean-Louis Brossard aime faire le pari un peu fou d’offrir la scène du samedi soir pendant les Transmusicales à un groupe locale. En 2012 c’était les 1969 club, ce fut au tour des Superets de faire vibrer les planches du Hall 3 en 2013.
Une descente en rapide à bord d’une diligence flottante dirigée par 4 cowboys armés jusqu’au dent. Fougueuse, excentrique, communicative, joyeuse, mi rétro mi moderne, la musique des Superets a pris d’assaut le public dès les premières notes.
Les refrains de « 160 caractères pour te dire Adieu » étaient sur toutes les lèvres pour le final, tout le Hall dansait sur les rythmes enjoués de la troupe. [Concert à (re)-voir en intégralité sur Arte Live Web]
Léo, Hugo, François et Romain ont « la main sur le coeur, la gueule dans le décor, ils font leurs années folles à la Rock’n’Roll », une chose est sûr, ce n’est que le début d’une belle aventure.
Après une belle rencontre au lendemain de leur concert, touchant de joies et de spontanéité, on avait évoqué cet entretien… 2 mois presque jour pour jour après les Trans. Léo (chanteur et guitariste) a bien voulu répondre à nos questions.
Y’a t-il une anecdote derrière le nom de votre groupe ou juste un jeu de mot ?
« Eh bien Superets ça ne veut pas dire grand-chose. Dans l’idée on a toujours essayé de faire les choses à l’envers, ne pas trop marcher dans les sentiers battus. A commencer par choisir un nom qui ne veut rien dire, par exemple. On en aime les sonorités, libre de toute appartenance à un langage, un peu féminin, qui peut renvoyer aux groupes un peu soul, un peu sixties… «
Nous limiter aux années 80 et au rockab c’est un peu un piège
– Qu’est-ce que le yéyétronique ? On sent une influence de rock alternatif typique des années 80 et de rockabilly (dans le look aussi), vous avez des influences précises de ces mouvements ?
« Comme on le répète souvent, les jeunes groupes comme nous subissent beaucoup le jeu des étiquettes. On nous placarde un genre, un style et gare à nous si on en dépasse les fondements. Se dire géniteurs du « Yéyétronique » c’était une manière pour nous de se libérer de ça. Aujourd’hui les gens nous demande ce que c’est, donc par extension nous laissent exprimer notre vision. En revanche, ça doit surement en rebuter d’autres, qui n’aiment pas forcément ce à quoi renvoi le mot-valise. Nous limiter aux années 80 et au rockab c’est un peu un piège, parce qu’on a des synthés et des guitares demi-caisses. Ces composantes sont finalement assez discrètes dans notre répertoire : 160 est plutôt garage, Parachute flirte avec la chillwave et la psyché, Tapis Rouge n’est pas si éloignée de la nouvelle scène indue surf… Je pense que c’est le gros problème aujourd’hui, on a tendance à te tirer le portrait à partir de ton image, pas de ton répertoire. Un jour, un type nous a comparés aux Forbans, merde, il n’a jamais été aussi loin du compte. Tu regardes l’EP, le seul texte « second degré » c’est « 160 Caractères… », les autres sont des chansons mélancoliques. «
– C’est quoi l’histoire de votre rencontre ?
« C’est l’histoire la plus ennuyeuse du monde, un truc entre quelques types amis d’enfance, d’autres qui se rencontrent au lycée. C’est banal, vu et revu, c’est l’histoire de tout le monde quoi. Quand je vois des interviews de jeunes groupes comme nous, on nous demande toujours d’où on vient, en quête d’une anecdote… Mais en fait notre carrière elle fait que commencer, les anecdotes, les histoires chouettes à raconter, elles n’arrivent qu’après. Pour l’instant on est juste 4 mecs qui viennent de sortir de l’école. «
Rennes fait partie de ces villes très florissantes
– Est-ce que pour vous il a une vraie musique rennaise ? Qu’est-ce qu’elle a de particulier ? Avec quels groupe de la scène Rennaise avez-vous des affinités ? Quel groupe conseillez-vous au lecteur d’écoutez ?
« Rennes fait partie de ces villes très florissantes, à l’image de Bordeaux, mais elle ne se centralise pas sur un style en particulier. Y’a une belle bande à Rennes, plusieurs « clans » qui se mélangent parfois, tout le monde est vaguement connecté. Nous on est très potes avec les Juveniles, mais aussi les 1969 Club et on prête notre drumkit à Florian Mona pour ses sessions d’enregistrement, de même que le Sitariste de Sudden Death Of Stars vient jouer sur notre EP. A mon avis, ce qui est important ce n’est pas d’avoir une Musique rennaise, mais une Scène rennaise. Tout le monde se tire vers le haut, c’est sain, même si tout le monde n’est pas forcément copain. Je vais rester soft sur le name dropping, malgré tout je conseille l’écoute des newcomers « Madcaps« , c’est rétro mais pop, cradingue et hyper sexy. «
il manque un club, l’intermédiaire entre le vrai bar ou on va boire un coup et la salle de concert
–Que pensez-vous des lieux de concerts ou de répétition de la ville?
« On a des infrastructures comme l’Elabo, le Jm (le Jardin Moderne ndlr), le Bas Village, l’Abri 101, l’Antipode Mjc…Ce n’est pas forcément vrai quand on dit que ça manque de lieux. Nous on a toujours réussis à répéter sans problème. La culture bar fait aussi qu’on puisse jouer assez facilement dans la ville, même si la fermeture à 1h gâche la possibilité d’organiser de folles nuits. On a aussi de superbes salles de concerts comme l’Ubu… Mais il manque un club, l’intermédiaire entre le vrai bar ou on va boire un coup et la salle de concert ou on peut jouer sur une scène avec des retours… A Toulouse, il y a le Saint des Seins par exemple : C’est un vrai bar, animé par des djs, ou on peut y voir les Datsuns ou Petit Fantôme pour quelques euros »
Elliott Smith et Brian Jonestown Massacre en live
– Quelle scène vous rêvez de faire ? – Si vous pouviez jouer avec n’importe qui (vivant ou mort), ça serait qui ?
« Nous offrir une carte blanche à Coachella, Elliott Smith et Brian Jonestown Massacre en live, une selecta de Jean-Louis Brossard pour bien faire la fête et inviter Jacques Dutronc à chanter 160 Caractères Pour Te Dire Adieu avec nous. Une belle soirée. «
– Votre meilleur souvenir des Trans ?
« Ça sera sans doute à jamais les 50 minutes où on a foulé le hall 3 un samedi à minuit. Le plus beau spot de concert qu’on nous a jamais donné. »
– Votre pire souvenir des Trans ?
« Les jours qui suivent la fin du festival, chaque année. On appelle ça le trauma post-trans. »
– Comment avez-vous trouver l’idée du clip « 160 caractères pour te dire adieu » ? Qui s’est fait larguer dans des circonstances à deux balles ? C’est du vécu ?
« L’idée du clip c’est le réalisateur Jérôme Walter Gueguen qui en est le père. Il a eu plein d’idées folles et on devait trouver quelque chose qui soit assez fou et ambitieux avec un petit budget et peu de temps. Il a été très ingénieux de jouer sur ce côté un peu exotique, les émissions nippone, tout ça… Pour finalement réaliser un clip dans la pure tradition rock : C’est juste un groupe qui joue son titre. La chanson elle, tient sur sa punchline. J’ai sorti ça quand en effet, un ami du groupe s’était fait larguer par texto. On buvait une bière place des lices, c’est sorti tout seul, 3 accords plus tard on avait notre chanson. Je crois qu’on ne peut pas vraiment imaginer pire rupture, on n’a pas mieux en stock… »
– Quel est pour vous la meilleure chanson pour faire l’amour ?
« Je pense que c’est Je t’aime… Moi non plus de Gainsbourg. Ou dans un registre plus suave, pourquoi pas Jungle Pulse de St Etienne Daho. »
Crédit Photo : Nicolas Lebon – Gosh
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