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RexRegis : « Sur scène il ne faut pas se planquer, il faut y aller, c’est juste le truc le plus plaisant de la terre. »

A l’occasion de la sortie de son nouvel EP, RexRegis jouera à l’Ubu ce mercredi. Ses chansons en français, noires et étranges évoquent la séduction sauvage, l’amour et la mort.

Rencontre avec Régis Thomas.

RexRegis, pour le roi Régis, mais Rex veut aussi dire tyran en latin. Tu voulais créer un personnage avec ce nom ?
A la base, RexRegis c’est le roi mis au centre. C’est mon royaume ce projet. Je suis faussement un tyran mais on essaie de garder ce mythe. Le côté tyrannique vient de l’aspect assez incisif de la musique, c’est un projet assez rock. Je suis un roi assez démocrate avec mes musiciens.

RexRegis se prononce bien en latin avec le « g » de « guitare » car on entend les 2 versions ?
Exactement !

Tu officiais avant dans d’autres groupes, est-ce que celui-ci est pour toi plus personnel, plus intime ? Il est plus sombre, plus noir. C’est plus ton univers ?
C’est tout à fait mon univers, il est assez particulier. Je ne peux analyser la chose qu’a posteriori car je fais les choses comme elles viennent. Pour le moment, mon inspiration est assez sombre. Je commence à trouver des petites choses un peu plus fun, un peu plus dans la réalité mais qui restent quand même dans le même univers.

C’est plus intéressant de parler de ce qui ne va pas, des moments où les gens déraillent, des défauts, plutôt que de parler de tout ce qui va bien, de tout ce qui est beau. En plus, ça n’est pas mon point de vue.

Tu te dévoiles beaucoup en chantant en français, c’est beaucoup plus intime qu’en anglais, pourtant tu te caches souvent derrière des lunettes de soleil et finalement derrière ce personnage de RexRegis.
Je n’ai pas envie de me mettre en avant d’un point de vue picturale, c’est peut-être une forme de mise en scène mais effectivement c’est une façon de se cacher.

Je n’ai aucune envie d’être connu, j’aimerais que les choses sur lesquelles je travaille soient connues. Il n’y a aucun intérêt à me connaître.
C’est un fantasme aujourd’hui chez certaines personnes de vouloir être connues, certains ne savent même pas pourquoi. Je préfère me révéler par les textes. On peut révéler des choses totalement intimes. Mes textes ne sont pas complètement autobiographiques, on ne sait pas ce qui est moi ou pas dans les textes, cela reste flou et chacun en fait ce qu’il veut. C’est l’avantage de se cacher derrière un personnage. Chacune de mes chansons sont des petits scénarios avec différents personnages, je m’y mets en scène et je fais l’acteur. J’y glisse des choses personnelles mais il ne faut pas que cela soit évident.

Auteur, compositeur, interprète. Le 1er EP avait été co-écrit avec Florian Mona, et pour le 2ème ?
Pour ce 2ème EP, j’ai écrit tous les textes tout seul. Mais je n’exclus pas de collaborer à nouveau avec d’autres personnes pour la suite et pourquoi pas avec Florian Mona.

J’aimerais aussi beaucoup écrire pour d’autres personnes. Je commence à écrire des choses qui ne seront peut-être pas pour moi.
Je ne vois pas encore pour qui mais au fur et à mesure des rencontres, certains de mes textes pourront servir à d’autres personnes. J’aime écrire, je prends beaucoup de plaisir.

Tu peux me parler de tes musiciens ? Tu t’es entouré d’une équipe de choc, de musiciens bien énervés de la scène rock rennaise.
Il y a Marie à la basse et aux choeurs, Hadrien à la guitare et aux choeurs, Florian à la batterie et Wenceslas, le dernier arrivé, qui est à la guitare et qui aide aux arrangements au studio. C’est une formation qui fait un travail sur le live et un travail au studio. On propose vraiment deux choses différentes entre le studio et le live. Pour ce nouvel EP, on s’est un peu lâchés et on se lâchera encore plus pour le prochain album.

Tu dis que tu es l’enfant de Polnareff, Ty Segall et Jack White. Qu’est-ce qui t’inspire chez ces 3 artistes ?
Christophe est en train de rentrer dans la famille. Tout ce qu’il fait n’est pas à mon goût. La période des années 80 est toujours un peu dure pour tout le monde, même les génies. Il a un univers très particulier, très ambiguë. Il a souffert dans sa jeunesse et mettra toute sa vie à se réparer. C’est quelque chose qui me touche, je n’ai pas particulièrement apprécié ma jeunesse non plus et la musique peut t’aider à résoudre beaucoup de choses. Pour en revenir à mes 3 pères, Polnareff est pour moi un génie, un fou furieux de son époque. Il est malheureusement un peu sans intérêt aujourd’hui. Pour moi il a bouleversé tous les possibles d’un artiste français. Il était très tôt un artiste international, il faisait des musiques de films.

Pour moi, Polnareff n’avait aucune limite, il représente la dernière époque où les artistes étaient des fous et où on leur donnait beaucoup d’argent pour qu’ils soient encore plus fous.
Ty Segall est un peu moins dans les références de l’EP à venir. Ce nouvel EP se « détysegallise » même si je suis toujours admiratif. J’avoue un peu moins suivre ce qu’il fait aujourd’hui, il sort un album toutes les semaines, c’est un peu compliqué. L’univers de Jack White sera moins présent sur le prochain EP aussi. Les White Stripes ont été un traumatisme pour nous tous, ils nous ont montré qu’on pouvait faire ce genre de musique. Jack White c’est un mec qui nous a fait découvrir le blues à la fin des années 90. Je n’aurais jamais connu le blues sans lui, il m’a ouvert des possibilités quand j’ai commencé à jouer de la guitare.

L’Apocalypse vient de sortir en session live, il y a aussi eu « Dans l’espace », on sent un virage dans la musique de RexRegis. Je me trompe ?

L’EP à venir est beaucoup plus personnel, moins agressif, plus dans l’esthétique mais en gardant cette puissance.
On a travaillé différemment dans le son, dans les textes pour le côté studio mais ça sera toujours aussi mordant en live. On peut interpréter le texte de « Dans l’espace » comme on veut, solitude interstellaire, perdu à l’autre bout de l’univers à la recherche de son amour. On peut y trouver des parallèles dans la vraie vie. Dans « L’apocalypse », je parle de ce que le dernier couple sur terre fera, l’amour, c’est tout ce qu’il reste à faire.

Tu vas sortir les autres titres en session live filmée ?
Un autre titre va sortir en avril en session live filmée et l’EP sortira ensuite dans son ensemble (5 titres). Cet EP annonce vraiment l’album qu’on va essayer de sortir l’année prochaine. J’aime beaucoup les sessions lives filmées, je trouve ça même mieux que les clips.

Je préfère faire une bonne session live où les personnes s’appliquent à faire de la musique et à la mettre en scène plutôt que de se forcer à faire un clip comme tout le monde juste parce qu’il faut mettre des images sur une musique.
Pour moi, un clip devrait être au niveau du cinéma. Si on prend l’exemple du clip « One Shot » de Bops, réalisé par François Le Gouic, il y a de la recherche, il y a un niveau, un défi et ça se prête totalement à leur musique. Il faut emmener les personnes et pas seulement faire des pubs pour parfums avec un petit budget et donc une qualité moyenne. Il vaut mieux faire des choses simples et surtout faire de la musique.

Sur scène, tu as un côté dandy, et on sent que tu pars complètement dans ton personnage, on te sent totalement à l’aise et habité sur scène. Le live pour toi c’est le plus important ?
Jusque là je pensais ça mais j’ai beaucoup aimé le studio. Effectivement sur scène je m’amuse, je prends beaucoup de plaisirs, c’est comme du théâtre.

Sur scène il ne faut pas se planquer, il faut y aller, c’est juste le truc le plus plaisant de la terre.
Il ne faut pas jouer le mec qui te dit que c’est dur de monter sur scène, que c’est dur d’affronter le regard des gens. Il y a du son partout, des lumières partout, on peut vraiment montrer et interpréter ce qu’on a écrit sur scène. Il y a des gens qui n’aiment pas ça mais moi j’adore, je trouve ça génial d’aller à la rencontre des gens, c’est ça la musique. On voit immédiatement comment la musique est perçue, reçue. On voit immédiatement quand on fait un bide.

Ton jeu de scène a une certaine réputation, tu as même laissé tomber ta guitare pour être encore plus libre de tes mouvements.
Avant je n’étais pas complètement libre et puis, guitariste c’est un métier, moi je suis compositeur. Il y a une vraie machine qui tourne derrière moi, une super équipe. Je peux me concentrer sur l’interprétation. Il faut savoir faire des choix, je ne suis pas guitariste.

RexRegis a été accompagné par les Trans. Tu peux expliquer en quoi ça consiste ?
L’association des Trans fonctionne avec un système d’audition. Lorsque tu es sélectionné, l’ATM peut t’accompagner à différents niveaux. Pour RexRegis, on a pu faire plusieurs résidences pour développer le projet, un travail d’action culturelle avec une école. L’ATM propose plein de choses et fait en fonction des projets. On a pu aller à la rencontre de vrais professionnels, on a eu la chance de pouvoir faire un vrai filage à l’Ubu devant eux. C’est super dur de jouer devant les professionnels mais ça nous a permis de travailler, de changer des choses, de trouver notre tourneur. Il faut aller voir les Trans ! Ils nous ont bien aidés, maintenant on va voler de nos propres ailes.

On te retrouvera le 27 mars prochain à l’Ubu pour la release. Tous les nouveaux morceaux de l’EP seront joués ce soir là ?
Oui, avec des surprises et des façons de les interpréter différentes. Il y aura aussi des nouveaux morceaux qu’on a réussi à insérer dans le set et qui seront dans le futur album. On va évoluer au fur et à mesure des lives, on va se risquer à le transformer, à le modifier en permanence, tenter des choses. Parfois, en changeant l’ordre des morceaux, on leur donne une autre respiration et une autre façon de les interpréter.

Le live est là pour prendre des risques et montrer de nouvelles choses même si on n’a joué un morceau juste 2 ou 3 fois en répétition.

Et pour finir, on est sur Rennes Musique, alors peux-tu me parler de ton dernier coup de cœur rennais ?
Le dernier groupe rennais qui m’éclate c’est Carambolage ! On pourrait penser que c’est juste drôle dans un premier temps mais en live j’ai été complètement séduit. J’ai trouvé le titre « 5 à 7 » bouleversant. Je les ai vu au Marquis de Sade et voir la bande de Kaviar Spécial jouer sur une boîte à rythme, c’est dément !

Merci Régis

Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Guillaume Magré Guilberteau

RexRegis sera en concert mercredi 27 mars à l’Ubu. Retrouvez toutes les infos ici.

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