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We Hate You Please Die, les enfants Lo-Fi made in Rouen

Rouen, capitale de la Normandie, est connue pour sa cathédrale Notre-Dame, sa foire Saint-Romain, son Armada et la mort sur le bûcher de Jeanne D’Arc. Mais c’est aussi le fief des excellents We Hate You Please Die et leur garage punk rock.

Rencontre avec Raphaël, Mathilde, Joseph et Chloé les « enfants Lo-Fi made in Rouen » lors de leur concert à l’Antipode à Rennes.

« Rouen est une ville qui bouge pas mal en musique » selon Joseph citant d’emblée le 106, Scène des Musiques Actuelles, située dans un ancien hangar portuaire. Une salle ouverte en 2010, composée d’une grande salle de plus de 1000 places et d’une plus petite d’environ 300 places. C’est là que We Hate You Please Die répète depuis 2017. « Il y a une équipe très sympa et de bon conseil avec nous depuis qu’on a commencé » ajoute Joseph. Un lieu qui permet à tous les groupes de la ville de pouvoir répéter et obtenir des conseils. Une SMAC qui a remplacé l’Exo 7, un ancien cinéma transformé en discothèque qui a vu passer du beau monde. Les Clash y firent leur premier concert en France le 26 avril 1977. L’ouverture du 106 a grandement concurrencé l’Exo 7, obligeant le lieu à fermer ses portes en 2010. Cette concurrence a provoqué « une petite gueguerre entre les vieux rockeurs et la nouvelle génération » selon Raphaël.

Rouen c’est aussi des cafés-concerts, malheureusement plus très nombreux depuis la pandémie. Le 3 Pièces propose 4 à 5 concerts par semaine dans sa cave avec le sol qui colle et les murs qui suintent la bière. « Aujourd’hui, globalement il y a 3 ou 4 bars où tu peux voir des concerts régulièrement. La pandémie a fait beaucoup de mal. » selon Raphaël. Rouen a toujours connu « une forme de disette » de lieux de diffusion et les bars ont fermé au fur et à mesure des années. Le drame du Cuba Libre y est pour quelque chose. Un incendie dans la cave du bar avait fait 14 victimes en août 2016. « A partir de là, action réaction, les commissions de sécurité sont passées dans tous les bars où il y avait des concerts et ont fait sauter pas mal de lieux » ajoute Raphaël. Seules les gérant.e.s qui pouvaient financièrement faire de gros travaux sont resté.e.s.

« Aujourd’hui, entre les 80 places du 3 Pièces et les 300 du 106, ça manque de lieux alternatifs à Rouen pour avoir une variété dans la proposition. » Raphaël

Heureusement Rouen possède un tissus associatif bien dynamique. Raphaël cite directement l’Atelier Lucien, une coopérative qui, depuis 5 ans, a fait jouer plus de 100 artistes et collectifs dans des lieux éphémères et avec comme principal axe l’accessibilité au plus grand nombre. « Il y a une vingtaine d’associations qui organisent des concerts à Rouen, c’est beaucoup ! » rajoute Joseph. La plus active s’appelle Braincrushing, une association spécialisée dans le métal, qui a fait jouer plus d’une centaine de groupes.

« C’est avec Braincrushing que nous avons fait notre premier concert ! » Chloé.

Jordan, le fondateur de l’association, a fait venir des groupes du monde entier, des groupes improbables, des mexicains en tournée française. Sa réputation actuelle lui permet d’être contacté directement par les bookeur.se.s des groupes étrangers. Cocaïne Piss, Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs… « Grâce à lui il y a plein de concerts rock à Rouen ! » ajoute Raphaël. Il y a également l’association Keponteam qui organise des concerts punks à la MJC et Alice Jefferson dans un style plus posé et familial. « Une programmation plus éclectique, rock, pop, parfois acoustique, en mode goûters concerts, plus familiale mais quand même pointue » selon Joseph.

Chaque grosse ville peut revendiquer à un moment ou un autre l’étiquette de capitale du rock hexagonal. Ce fût le cas de Rouen avec les Dogs, groupe de rock emblématique de 1973 à 2022, la mort du chanteur Dominique Laboubée mettant fin au groupe. Aujourd’hui, on citerait facilement You Said Strange, MNNQNS et We Hate You Please Die en chefs de file mais il y a également Servo, Dye Crap, Ellah A Thaun, Unschooling, Bungalow Depression, Dharma Bum, Kumusta… Rouen est une ville très rock depuis plusieurs décennies, la ville se trouvant à côté de la base militaire américaine d’Evreux, du Port du Havre mais surtout de l’Angleterre. Mais il n’y a pas que le rock. Quand Mathilde était au lycée « il y avait aussi beaucoup de rappeurs qui faisaient parler d’eux. Aujourd’hui on connaît tous Rilès ».

« Avant la pandémie, on avait l’impression qu’un nouveau groupe apparaissait toutes les 2 semaines » selon Joseph.

Une dynamique qui revient peu à peu, les groupes reprenant les répétitions au 106, au Kalif, ou encore au Repet’Show.

La ville et sa Métropole sont assez actives et encouragent la culture. Tous les mois de juillet, la ville organise les Terrasses du Jeudi, un festival en plein air, gratuit, avec plusieurs scènes dans la ville. Cette année, Bafang, Dye Crap, Star Feminine Band sont notamment à l’affiche des Terrasses du Jeudi. « Il y a aussi le festival Rush, organisé par le 106, dans un super cadre, en bord de Seine sur une presqu’île » ajoute Joseph. Un festival dont la programmation a été faite par Jeanne Added cette année.

Rouen joue donc dans la cour des grandes villes rock depuis longtemps. Bien avant les Dogs, des groupes comme les Vickings ou Rotomagus marquaient déjà la ville dans les années 60. Aujourd’hui We Hate You Please Die et bien d’autres continuent le chemin bien tracé.

Merci Raphaël, Mathilde, Joseph et Chloé.

Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Cath

INFOS PRATIQUES :
Le 106 : https://www.le106.com/
Le Kalif : https://www.lekalif.com/
Repet’Show : https://repetshow.myportfolio.com/
Le 3 Pièces : https://www.facebook.com/le3pieces/
L’Atelier Lucien : https://www.atelierlucien.org/coop%C3%A9rative
Brain Crushing : https://www.facebook.com/braincrushing
Keponteam : https://www.facebook.com/dundy.keponteam/
Les Terrasses du Jeudi : https://www.terrassesdujeudi.fr/2022/
Festival Rush : https://rush.le106.com