Metz : « Toronto est une très jolie ville mais elle n’est plus attrayante pour les artistes. »
L’annonce est tombée il y a quelques semaines : Metz raccrochera les guitares après sa tournée européenne, chaque membre souhaitant se concentrer sur d’autres projets et passer plus de temps en famille. Le groupe noise rock de Toronto avait sorti un nouvel album « Up on gravity hill » chez Sub Pop en avril dernier avec huit titres plus mélodiques et puissants. Un adieu aura lieu ce samedi 2 novembre à l’Antipode à Rennes. Metz est né à Toronto, la plus grande ville du Canada, berceau de Neil Young, Timber Timbre, The Band ou encore Death from Above. Visite guidée et musicale de la ville par Alex Edkins.
Rencontre avec Alex Edkins, chanteur et guitariste à la Route du Rock été 2024.
Toronto est une ville en constante évolution. « Cela change toujours. Tout ce que tu cherches, tu peux le trouver dans cette ville » commence Alex. Même si Alex sort beaucoup moins aujourd’hui et qu’il a tendance à rester chez lui quand il est à Toronto avec sa famille, la ville regorge de groupes et de lieux sympathiques.
En tout premier, Ossington Avenue est un quartier à l’esprit alternatif et dynamique, où il y a une vie nocturne et de nombreux événements musicaux, dont le plus important le OssFest qui, chaque été, rend le quartier piéton et anime la ville de nombreux concerts.
« La Ossington Avenue est une des rues les plus cool du monde » selon le Time Out magazine.
« Il y a également le Dundas Square, là où se situent les clubs comme le Garrison ou encore le Baby G« . Metz jouait plutôt au Lee’s Palace, une salle de 600 places au rez-de-chaussée et une discothèque à l’étage, situé sur la Bloor Street West. Un lieu qui a vu passer les Arctic Monkeys, Blur, Elliott Smith, ou encore Nirvana. « C’était l’endroit où nous faisions beaucoup de nos soirées, notamment nos releases ».
Metz a fêté la sortie de son nouvel album au Danforth Music Hall, dans le quartier de Riverdalle à Toronto. « C’est là que nous avons fait notre show de sortie pour notre nouvel album. Et c’était le plus gros show que nous ayons fait jusqu’à présent ».
« Nous avons vraiment commencé dans un endroit appelé Parts and Labor. fermé depuis. C’était dans le sous-sol d’un restaurant et les concerts y étaient tout simplement fous. C’est là que nous avons bâti notre réputation scénique ».
Toronto est le berceau de nombreux groupes comme Timber Timbre. « Tout a commencé sur la Yonge Street pour Taylor Kirk, le chanteur de Timber Timbre » selon Alex. Une rue au cœur de Toronto où est née la contre-culture des années 60 avec le Massey Hall, un édifice de briques rouges où ont résonné les premières chansons de Joni Mitchell et Leonard Cohen.
La scène de Toronto est très vivante. Le groupe Metz est proche de Dusted, Holy Fuck ou encore Absolutely Free. « Il y a également le groupe punk Shit qui est très bon malgré son nom ! »
Concernant les labels, Metz a sorti 3 singles avec We Are Busy Bodies, label de Toronto fondé en 2005 avec plus de 130 sorties dans son catalogue. « We Are Busy Bodies est toujours aussi fort. Éric, le créateur du label, sort toujours de la nouvelle musique, mais il fait aussi beaucoup de rééditions, il trouve de vieux disques de jazz sud-africain et japonais, des compositions de musique ambiante et expérimentale canadienne ». Il y a également le label Hand Drawn Dracula à Toronto, un petit label dont le logo à l’arrière de la pochette est synonyme de qualité soigneusement sélectionnée.
Quant aux disquaires de la ville, il y a le Sonic Boom, sur la Spadina avenue, le plus grand magasin indépendant du pays, au cœur de Chinatown. « Nous y avons donné un concert pour le nouvel album ». Ty Segall, Slowdive, ou encore Suuns ont joué dans cette immense boutique également.
Quant aux lieux de répétitions, la ville ne se prête pas à cela et il est difficile aujourd’hui d’y trouver des endroits abordables.
« Toronto est une très jolie ville mais elle n’est plus attrayante pour les artistes. Le prix de l’immobilier pousse tout le monde dehors, comme partout ».
Metz a malgré tout la chance de répéter depuis 15 ans au Rehearsal Factory (mais la mention « Fermé définitivement » est inscrite lors de l’écriture de cet article…).
Il y a beaucoup de choses qui empêchent les artistes de pouvoir travailler et vivre à Toronto. La plupart des lieux ferment à Toronto, cela devient compliqué d’y vivre, Metz a même quitté la ville pour enregistrer les deux derniers albums (enregistrés à Providence dans le Rhode Island).
« Toronto est juste un endroit tellement cher où vivre, c’est une ville pour les riches maintenant » conclut Alex.
« La diversité, notre force ». La devise de Toronto sera-t-elle encore d’actualité dans quelques années ?
Propos recueillis par Catherine Rué – Crédit photo : Vanessa Heins