Vatican Shadow – Nuit Electronique 2 – Festival Maintenant – L’Antipode
Après Le Grand Soufflet, place à un autre événement majeur à Rennes, le festival multidisciplinaire Maintenant axé autour des créations électroniques actuelles. Du 13 au 18 octobre l’association Electroni[k] nous a proposé divers moments d’arts et de musiques de qualité à travers la ville, dont le point final était cette deuxième Nuit Electronique à l’Antipode dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 octobre. Quand j’ai appris via les réseaux sociaux que Vatican Shadow en était la tête d’affiche j’ai de suite bloqué ma soirée pour ne pas rater sa venue.
Vatican Shadow est un des projets du musicien new-yorkais Dominick Fernow. J’ai connu ce dernier il y a quelques années via Prurient, son projet le plus ancien et prolifique, qui est une référence en noise et mon préféré. Si vous ne l’avez pas encore écouté son dernier album, « Frozen Niagara Falls », est une merveille. Son travail, comprenant une centaine de sorties en disques, vinyls et cassettes, est édité sur son label Hospital Productions. Vatican Shadow a émergé en 2011 avec la cassette « Byzantine Private CIA », ouvertement inspiré par Muslimgauze pour le son et les thèmes abordés, et est progressivement devenu la facette la plus connue de la musique de Fernow. Cela peut s’expliquer par l’aspect plus dansant du son, bien que toujours sombre, un peu plus éloigné de la rage power electronics de Prurient ou Exploring Jezebel.
Mais cette rage était bel et bien palpable pendant sa prestation à L’Antipode. La nuit a commencé avec Patricia puis Hodge qui ont bien chauffé à coup de house le public venu jeune et nombreux, puisque la fête affichait complet avant l’ouverture des portes. Ont suivi les polonais de RSS Boys et leur « afro industrial » qui m’a bien fait trémousser du derrière, avec une salle qui ne désemplissait que pour les pauses clope malgré l’heure et l’état de fatigue général. Dominick Fernow a pris place pour l’heure finale, vers 4h40, et a livré un set beaucoup plus énervé que ce que je m’imaginais d’après la musique et les vidéos de concert de Vatican Shadow, même je connais les penchants provocateurs du personnage. Il avait l’air de vouloir en découdre avec le public rennais, nous gueulant dessus entre deux tournées (j’ai été sage je n’ai rien bu, mais j’avoue que c’est la meilleure façon d’amadouer les gens d’ici), comme pour déclencher la bagarre. Il n’y a eu ni claques ni appareil photo blessé (le mien était en sécurité), mais un set efficace et varié qui m’a mis dans un état de transe sans complément chimique. On peut citer comme morceaux percutants « Not the son of desert storm but the child of Chechnya », « Encryption Nets » et « Peace Rage ». Un bien beau cadeau qu’Electroni[k] nous a fait avec cette nuit.
photo et texte : Lucie Inland