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Mnemotechnic : « Le fait de se retrouver en trio nous a fait enlever pas mal de choses, on a épuré notre musique. »

Weapons, le nouvel album de Mnemotechnic, est sorti le 20 janvier. Ils étaient en concert au Jardin Moderne samedi dernier pour le festival les Embellies. On a voulu en savoir plus.

Rencontre avec Arnaud, Anthony et Xavier

Mnemotechnic est né à Rennes ou à Brest ? C’est quoi votre histoire ?
Arnaud : c’est brestois ! Anthony est rennais maintenant pour des raisons professionnelles mais on est tous originaires de Brest. On a démarré il y a maintenant sept ans, on était quatre au départ. On se connaît tous via d’autres groupes qu’on partageait. Moi j’avais un groupe avec Xavier, Xavier et Anthony jouaient ensemble. On se connaissait via la scène brestoise.
Anthony : on se croisait dans les bars, aux concerts…

Ca vous est tombé dessus comment la musique et cette envie d’en faire ? Arnaud, je crois que c’est Nirvana qui a été pour toi la révélation non ?
Anthony : eh oui, il a découvert Nirvana en 2009, juste avant de monter le groupe ! (rires)
Arnaud : l’envie de faire de la musique remonte à mes quinze ans, dès que j’ai trouvé une guitare. J’ai eu différentes expériences en tant que guitariste et en tant que batteur et j’ai ensuite voulu tenter le chant et faire un projet de compositions. J’ai fait des maquettes, je leur ai proposé et le groupe s’est lancé comme ça. C’est une manière assez classique.

Anthony : moi c’est Rage Against the Machine qui m’a donné envie de monter sur scène !

Xavier : moi je suis un peu plus âgé, je dirais plutôt les Pixies, Noir Désir. Je bossais direct tous les morceaux de Noir Désir pour les apprendre.
Anthony : le début des années 90 il y avait matière…

Tu peux me parler de « Q and not U » ? C’est ce groupe qui est à l’origine de Mnemotechnic ?
Arnaud : c’est un groupe qu’on aime beaucoup dans son énergie et dans sa démarche assez indé. Il n’y a pas un groupe qui a déclenché le projet, c’est plutôt une synthèse de tout ce qu’on a pu écouter depuis nos quinze ans.
Xavier : je me sentirais plus proche d’un groupe comme Refused au niveau de l’énergie sur scène.

Votre 1er album Awards est sorti en 2013, Weapons vient de sortir. Vous avez fait quoi pendant 3 ans ? Expérimenter de nouvelles choses ? Vous aviez besoin de prendre du recul par rapport à votre premier album ? Vous n’êtes plus que trois aujourd’hui.
Anthony : on a eu des enfants et on a construit des maisons !
Xavier : moi j’ai eu l’occasion de partir avec un autre groupe qui n’a rien à voir avec Mnemotechnic, qui fait de la chanson française et qui s’appelle Colin Chloé. On s’est retrouvés sur les premières parties de Détroit. Pour moi, ça a été une belle rencontre, une rencontre où je bouclais quelque chose. On attendait tranquillement qu’Arnaud revienne vers nous avec de nouvelles propositions. On lui demandait où il en était.
Anthony : il nous répondait : « la charpente ! » (rires)
Arnaud : on a vraiment arrêté ce projet pendant trois ans. On a relancé Mnemotechnic quand j’ai eu plus de temps pour m’y consacrer pleinement.

C’est vrai que le premier album on l’a usé, on l’a beaucoup joué sur trois ans de tournée, on avait vraiment fait le tour de ces morceaux. La pause a aussi permis de nous dire : « on fait autre chose ».

Anthony : et puis tout a été très vite. On a vite enregistré une démo et fait des concerts. On a enregistré l’album dans la foulée et on a pas mal tourné avec sans se poser de questions. La pause nous a donc permis de nous dire qu’on voulait faire autre chose. On avait fait le tour de la question, on ne voulait pas retomber dans les mêmes schémas.

Vous avez changé quoi pour ne pas retomber dans les mêmes schémas ? Vous avez cherché un nouveau son ? Vous avez changé votre processus de création ?
Xavier : les deux ! On a eu deux guitaristes à quitter le groupe. On a eu envie de bousculer le son, de trouver autre chose. C’est passé par l’utilisation de nouveaux effets.

Le fait de se retrouver en trio nous a fait enlever pas mal de choses, on a épuré notre musique.

On a beaucoup réfléchi aux rythmiques basse-batterie, plus sur la longueur, moins foufou avec des changements tout le temps. On a essayé d’installer, de poser des ambiances. Du coup, le son a changé l’écriture. C’est Arnaud qui écrit les textes et qui nous les propose. Cela donne parfois lieu à des échanges plus ou moins longs jusqu’à ce que l’on trouve le terrain parfait.

Votre son est plus dark, votre album est plus sombre, comme une impression de chaos. C’est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Arnaud : ça n’est pas notre état d’esprit au quotidien, c’est plus une expression artistique et musicale qui a évolué. Les contextes changent donc cela doit sûrement influencer. Ca n’est pas calculé, au contraire c’est plutôt un lâcher-prise dans l’écriture sans objectif particulier.

C’est quoi l’histoire de Weapons ? S’armer pour vivre et trouver un sens à sa vie face au monde hostile et difficile ?
Xavier : c’est exactement ça !
Arnaud : c’est une métaphore d’une société dure. On reste quand même privilégiés en tant qu’occidentaux mais ça n’est pas joli joli ailleurs. C’est une histoire imaginaire, un parcours solitaire dans un monde compliqué avec des rencontres.

Les différents morceaux racontent les différentes phases qu’il peut y avoir dans ce road trip, ce parcours initiatique.

Vous l’avez enregistré où et avec qui cet album ? J’ai cru voir passer le nom de Thomas Poli, décidément il est sur tous les projets !
Anthony : on a enregistré à Saint-Cadou dans une ancienne école tenue par un couple qui a réhabilité le lieu en dortoir. On avait déjà enregistré notre premier album là-bas. On a enregistré notre nouvel album avec Thomas Poli. C’est parti d’une rencontre avec Arnaud aux Rockomotives.
Arnaud : je connaissais déjà un peu Thomas Poli. On a discuté aux Rockomotives et c’est là que j’ai appris qu’il n’était pas que super guitariste mais aussi ingé son de formation. On venait de remonter le groupe et on cherchait quelqu’un. Cela s’est concrétisé avec lui, il y a eu une vraie rencontre humaine. On a vite vu qu’il avait compris ce qu’on voulait faire. Il nous a apporté un état d’esprit pour cet album.
Xavier : comme il a beaucoup d’expériences et notamment de musicien, il a été très intelligent psychologiquement. Il nous a mis dans quelque chose d’hyper confortable et chaleureux. On a trouvé une énergie. On était imprégnés d’une ambiance dans le studio.
Arnaud : il nous a tout de suite mis en confiance.

Au départ on voulait faire un quatre titres. On avait encore du temps et on a fini par en faire sept. Thomas Poli nous a apporté beaucoup d’énergie !

Il nous a guidé dans la manière de faire en nous débridant.
Xavier : sans influencer particulièrement le projet, avec beaucoup d’écoute. C’était bien pour nous car on a très peu d’expériences de studio. Ca va très vite, tu as très peu de temps, ça coûte très cher, tu es tout le temps dans un stress, une tension. On n’a pas connu ça avec Thomas. Tous les morceaux sont rentrés très rapidement, on s’est beaucoup économisés.
Anthony : un enregistrement super zen, très détendu. Et à Saint Cadou, t’es isolé, ça aide pour travailler sereinement.

L’album est sorti chez Kerviniou Records de Rennes et A Tant Rêver du Roi de Pau. Pourquoi ces deux labels ?
Xavier : Kerviniou venait de faire pas mal de sorties d’album, ils aimaient beaucoup notre disque mais n’avaient pas la somme nécessaire à ce moment là. On a donc associé les deux pour pouvoir sortir notre album.
Arnaud : ils ont déjà collaboré ensemble pour Tom Bodlin. Ils se connaissent bien ces deux labels. Les gens de Kerviniou vont régulièrement au festival « A tant rêver du roi ».

Arnaud, tu es graphiste, c’est toi qui a fait l’artwork de l’album ?
Arnaud : oui c’est moi ! J’ai fait celui d’avant aussi. C’est mon métier mais j’en fais très peu dans le milieu de la musique car il n’y a pas beaucoup de moyens. J’avais fait une pochette pour Frigo, un groupe de Quimper. Je suis quand même dans le milieu de la culture mais je travaille surtout avec les salles et les festivals qui ont plus de budget.

La scène rock brestoise aujourd’hui, ça donne quoi ?
Arnaud : il y a toujours eu une belle scène rock à Brest. Ca se croise pas mal, on se connaît tous. Il y a des projets qui naissent, d’autres qui disparaissent. Il y a toujours une base de groupes rock garage.
Xavier : il y a eu une grosse période jusqu’à 2004/2005, il y avait beaucoup de groupes, ça s’encourageait dans tous les sens, il y avait un super bon état d’esprit. C’était la fête ! Mais il y a eu pas mal de gens fatigués d’organiser tout ça, il n’y a pas forcément eu de relève, les salles ont levé le pied sur les concerts. Arnaud avait une asso qui organisait pas mal de concerts sur Brest qui s’appelait « Can I Scream ». Ca nous a permis de voir pas mal de belles choses. Il y a beaucoup moins de lieux aujourd’hui, c’est plus compliqué pour se produire.
Anthony :

Quand tu es un groupe de Brest et que tu veux sortir de ton coin, jouer ailleurs, tout est tout de suite loin. Si tu veux aller jouer à Paris ou ailleurs, il y a cette distance qui prend du temps et qui n’est pas forcément rentable.

T’es obligé de caler pas mal de dates quand tu vas jouer ailleurs si tu veux que ça soit économiquement viable. C’est difficile de jouer loin. Nous, on a commencé à jouer loin dès le début.
Arnaud : et puis on avait surtout envie de faire des vraies tournées !
Anthony : pour citer des noms de super groupes de Brest, il y avait Chivan, c’était énorme en live. Ils méritaient d’être beaucoup plus reconnus et vus. I Come From Pop aussi qui a démarré quasi en même temps que nous. No Pilot qui existe toujours ! Prismo Perfect qui avait joué aux Trans il y a quelques années. La liste est longue !
Xavier : les Savates ! On jouait dans ce groupe avec Anthony et on a fait notre dernière date à Rennes.

Et la scène rennaise, vous en pensez quoi ? Des groupes que vous aimez en particulier ?
Anthony : Nüde !
Arnaud : il joue dedans c’est pour ça qu’il le cite !
Xavier : Laetitia Shériff c’est la classe.
Arnaud : Thomas Poli et ses projets ESB.
Anthony : Bumpkin Island, ils ont joué hier pour le festival. Je pense qu’ils vont faire pas mal de bonnes dates. Groupe à suivre !

Merci à vous !

Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Mnemotechnic

FESTIVAL LES EMBELLIES
Tout savoir sur le festival Les Embellies :
http://www.festival-lesembellies.com/

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