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You, vicious ! : « Il faut frapper fort d’entrée de jeu et proposer quelque chose de sexy visuellement si tu veux qu’on parle de toi aujourd’hui. »

Le duo You, vicious ! a sorti son premier album en septembre dernier. Max et Bren seront en concert au festival Rituel ce 17 novembre.

Rencontre avec Max Balquier

Frigo a duré 10 ans avec 2 albums, 3 EPs et beaucoup de concerts. Tu peux nous raconter la fin de cette aventure et pourquoi ?
Tenir un groupe 10 ans c’est déjà un challenge aujourd’hui, c’est difficile. On n’avait pas forcément cette prétention de durée au début de Frigo mais tout est allé assez vite. On a joué aux Vieilles Charrues, au Printemps de Bourges, à Art Rock et autres au début des années 2000. On a rencontré le label de Rodolphe Burger et on a sorti un EP et un album avec ce label. Ces dates nous ont aussi permis de trouver un tourneur. En 2006 on a dû changer de label et de tourneur car on avait quelques soucis avec eux. On a sorti notre album « Funambul ». En 2009, on a sorti notre album « World is science fiction ». A l’époque on a à nouveau dû refaire toute notre équipe au niveau du booking et du label. Sortis de tout ça, on était un peu essoufflés de tout ce travail. On cherchait finalement nos concerts, on faisait notre communication pour que ça ne sorte pas dans l’anonymat.

Avec Frigo, on a dû tout reconstruire à chaque sortie d’album.

On s’est aussi rendus compte qu’avec tout ça on passait de moins en moins de temps sur la musique et de plus en plus sur tous les à-côtés. On était fatigués et on a décidé d’arrêter. Je suis en train de retomber dans tout ça avec You, Vicious !, mais j’ai repris des forces avec cette longue pause.

You, Vicious ! est né en 2017. Tu as continué la musique depuis 2010 (fin de Frigo) ?
J’ai arrêté la musique pendant 5 ans. Je bricolais des petites choses dans mon coin mais ça ressemblait encore trop à ce que j’avais fait avant. Je cherchais, faisais des expériences mais je me suis rendu compte que ma façon de composer est comme ça et pas autrement, c’est impossible de lutter. A partir de cette constatation, j’ai commencé à retravailler en 2016. J’ai fait des premières démos électroniques.

Tu t’es ensuite lancé dans You, Vicious !, prévu comme un projet solo. Finalement, c’est devenu un duo avec un batteur et pas des moindres, puisque c’est le batteur de Frigo qui t’a rejoint.
Bren est venu chez moi et a écouté mes démos. Il m’a proposé de poser quelques batteries sur mes sons. Je trouvais que mes démos manquaient un peu de vie donc ça tombait plutôt bien. Mais il y avait un sentiment de déséquilibre entre les batteries et les sons purement électroniques. J’ai donc rajouté des guitares, des chants. C’est à ce moment là qu’on est devenu un groupe.

A la base je n’avais pas l’objectif de reformer un groupe ni de faire quelque chose de rock.

C’est difficile de définir votre musique. Des sonorités plutôt planantes, une rythmique féroce. Tu le présenterais comment ce duo ?
Tu le définis très bien. J’aime bien écouter des groupes de musique électro soft, avec des ambiances un peu planantes, des nappes un peu éthérées, des choses qui installent des moments un peu mélancoliques, poétiques. A contrario, j’aime bien envoyer des grosses guitares. Le mariage de ces deux mondes n’est pas forcément évident. J’essaie de rendre des morceaux planants beaucoup plus rock, même dans ma façon de chanter. Donc c’est vrai que ça n’est pas facile de nous caser dans un style précis et ça ne simplifie pas le travail. Par exemple, pour chercher des concerts je contacte des associations. Celles qui organisent des concerts de rock vont me dire que l’électro n’est pas trop leur truc et inversement.

Je ne suis pas là pour rentrer dans telle ou telle case, je suis aussi là pour me faire plaisir.

Votre nom vient d’un titre d’un de vos morceaux. Vous y avez rajouté la virgule et le point d’exclamation pour donner quelque chose de plus vindicatif ?
C’est exactement ça ! On cherchait un nom pour le projet et on trouvait que ce titre de chanson sonnait bien rock, était bien étrange et interpellait. C’est un nom qui marque, qui donne envie de le dire en criant, ça sonne un peu punk même si nous ne sommes pas dans ce créneau.

Ce nom a aussi collé à l’actualité malgré nous avec le mouvement Me Too.

Votre 1er album est sorti le 10 septembre dernier. Tu avais toute la base électro et Bren a rajouté les batteries mais vous l’avez composé comment ? Vous avez fait les 9 titres ensemble ?
J’avais toute la base électronique sur laquelle il a joué ses batteries. Pour certains morceaux, ça matchait direct et pour d’autres, la balance ne se faisait pas. On échangeait nos sentiments sur les morceaux mais souvent à distance car je suis sur Rennes et Bren et sur Nantes. On réadaptait les titres au fur et à mesure de nos échanges, on enlevait des pistes, on en rajoutait. C’était un peu un challenge au niveau des chants puisqu’il n’y a pas de structure « couplet-refrain ». C’est souvent des morceaux en 3 ou 4 parties, j’ai essayé de faire des liens mais ça n’était pas facile. Avec Bren, on s’est surtout vus pour adapter les morceaux pour le live.

Pour l’album, on a composé sans contrainte, sans se soucier du live. J’ai empilé des pistes, j’ai rajouté les chants sans regarder si jouer de la guitare en même temps serait possible.

A la base, on ne pensait pas tourner avec cet album mais le label nous l’a demandé donc il a fallu tout retravailler.

Vous êtes chez Manic Depression. Comment s’est faite la rencontre ?
On se connaît déjà un peu, on avait déjà travaillé ensemble avec Frigo en distribution. Je les ai contacté pour faire le même travail de distribution sauf que depuis, ils ont grossi et sont devenus un vrai label. Je leur ai envoyé l’album et ils ont décidé de le sortir chez eux. C’est super, on pensait le sortir en autoproduction et finalement on se retrouve chez Manic Depression. Il y a Dead aussi chez eux pour citer les rennais.

Vous vous êtes bien entourés pour la sortie de cet album ? Tu peux me parler de l’équipe de l’album ? J’ai vu passer le nom de Jérôme Sevrette pour vos photos de presse.
Comme dit précédemment, on a donc Manic Depression en label. Pour le moment, nous n’avons pas de tourneur, personne pour s’occuper de la communication.

On a voulu associer une certaine image au projet, basée sur quelque chose de symétrique, de noir et blanc, déclinable sur la pochette et les clips.

On s’est donc rapprochés de Jérôme Sevrette que je connais pour son travail autour du noir et blanc. Il a fait beaucoup de photos d’artistes. Concernant les vidéos, on a un ami de longue date qui a monté sa boîte de captation qui s’appelle « Les horizons sonores ». Notre clip « Pretty is all you have » était un des premiers pour lui et depuis on collabore avec lui. Concernant la pochette, on a fait la connaissance d’une jeune tatoueuse parisienne qui s’appelle Anshort, elle a fait le visuel. Et pour finir, il y a Ludovic Leven qui a fait notre logo. On est bien entourés !

Effectivement il y a quelque chose de très graphique chez vous.
Oui on est bien entourés au niveau du graphisme. C’est important, c’est la première chose que l’on voit avant d’écouter le disque ou de cliquer sur un lien. Actuellement, si tu n’as pas un beau visuel, un beau clip pour accrocher, c’est compliqué. On a duré 10 ans avec Frigo mais aujourd’hui la durée de visibilité est assez éphémère. Tu peux avoir un gros coup de cœur, un gros coup de visibilité sur un groupe, il va sortir un album et sur le deuxième c’est presque fini même quand l’album est bon. Les gens sont déjà passés à autre chose.

Il faut frapper assez fort d’entrée de jeu et proposer quelque chose de sexy au niveau visuel si tu veux qu’on parle de toi aujourd’hui.

Même quand tu n’as rien à proposer, c’est la bataille de l’image sur les réseaux sociaux. Si tu ne joues pas le jeu, ton projet tombe dans l’anonymat et ne dure que quelques mois. Si tu veux ta chronique, il faut que tu achètes ton encart donc tout est biaisé puisqu’ils ne peuvent pas faire une mauvaise chronique. C’est dur aujourd’hui d’avoir des coups de cœur gratuits.

On va pouvoir vous retrouver en concert bientôt ? A Rituel en novembre ?
Oui on joue le 17 novembre au Bar’Hic pour le festival Rituel avec From Constellation, un groupe nantais qui fait dans la pop psychédélique. On espère d’autres dates pour 2019.

Tu peux me parler de la scène rennaise, des groupes que tu affectionnes particulièrement ?
J’aime beaucoup Nüde, ils font une pop un peu shoegaze, parfois noise. Je ne connais pas personnellement SBRBS mais j’ai beaucoup aimé leur session live qui vient de sortir. Il y a Tropique Noire aussi que j’aime bien ! Et j’allais oublier Dead qui sont sur le même label que nous.

Merci Max.

Retrouvez l’album de You, Vicious ! chez Blind Spot et It’s Only.

Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Jérôme Sevrette

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