The Patriotic Sunday : rencontre avec Eric Pasquereau
25 septembre 2015, The Patriotic Sunday sortent leur quatrième album intitulé « All I Can’t Forget”, un disque pop intime captivant. Composé de Eric Pasquereau, guitariste et chanteur de Papier Tigre, de deux membres de La Terre Tremble !!!, de Léo de Fat Supper et de Julien de Cherbourg, The Patriotic Sunday est un trésor rare de la pop française.
Rencontre avec Eric Pasquereau
Tout d’abord, peux-tu me présenter ton side-project The Patriotic Sunday pour ceux qui ne connaissent pas ?
Je n’aime pas l’appellation side-project qui donne l’impression d’un projet bricolé vite fait par rapport à un « vrai » projet plus sérieux. En réalité, je fais The Patriotic Sunday depuis plus longtemps que n’importe quel autre projet, Papier Tigre ou la Colonie de vacances. J’écris des chansons personnelles inspirées par la pop et le but est de se rapprocher de l’instantané parfait d’une chanson de 3’30.
Tu as créé ce projet pour assouvir tes inspirations plus mélancoliques et personnelles ? Chose que tu ne peux peut-être pas faire au sein de Papier Tigre à l’ambiance plus électrique ?
Pas vraiment. Ce qui différencie vraiment les deux projet c’est que dans Patriotic Sunday j’écris les morceaux alors que Papier Tigre est bien plus collectif. Les atmosphères ne sont pas les mêmes, mais ce serait très réducteur de penser que Patriotic Sunday est plus sensible car le son est moins agressif et Papier Tigre est plus engagé car c’est plus rock. C’est bien plus nuancé que ça.
Il parle de quoi cet album ?
L’album, comme son titre l’indique, parle de la mémoire, de son interprétation et de l’évolution de celle-ci dans le temps. J’associe souvent la chanson à un moment de ma vie, un endroit, un sentiment… comme pour mieux la cadrer. Les textes sont poétiques et assez abstraits; des images qui prennent beaucoup de sens pour moi mais qui ne sont pas narratifs et encore moins descriptifs. Les sentiments amoureux ne font pas vraiment partie de ce disque, le premier album « Lay your soul bare » était entièrement axé là-dessus. Je ne me suis plus trop attardé sur ce sujet depuis.
Depuis ton troisième album tu es accompagné de deux membres de La Terre Tremble !!! C’est pour partir sur un univers totalement différent ? C’est peut-être juste une histoire d’amitié.
Nous nous sommes rencontrés à des concerts de nos groupes respectifs. Nous avons échangé pas mal sur la musique et on avait des références et des envies communes. Nous avons tenté l’expérience, ça nous a plu et l’album « Actual fiction » est né. Benoit Lauby, un des guitaristes de La Terre Tremble !!! est depuis parti formé d’autres groupes. Sur ce dernier opus, j’ai travaillé tout seul pendant une longue période, j’attache vraiment de l’importance à l’avis des collaborateurs, que ce soit Paul et Julien de Latt!!! ou Léo de Fat Supper ou bien Julien de Cherbourg. Nous parlons beaucoup des morceaux, de l’équilibre qu’il faut trouver pour que le morceau soit le plus juste possible.
Je crois que l’univers reste le même, dans mon esprit en tout cas. Ce groupe a juste permis d’apporter de la justesse dans l’interprétation et donc sublimer les chansons.
L’album s’est fait en combien de temps ? Vous avez travaillé comment entre Rennes et Nantes ? Vous vous retrouviez dans la maison de tes parents ?
2 ans en tout. On faisait des A/R entre les deux villes et oui nous avons passé de bonne vacances d’été chez mes parents à faire des prises.
Qui a composé cet album et comment ça c’est passé entre vous ? C’est toi Eric qui écrit, compose et ensuite vous faites les arrangements entre vous ? Vous improvisez ? Tu parles limite d’un album solo.
Cela dépend des morceaux, dans la pochette du disque c’est précisé qui joue quoi à quel moment. J’ai maquetté tous les morceaux avec des arrangements, quelques choeurs, des idées de percus, synthé ou de basse. En fonction des morceaux, les gars sont intervenus soit en groupe complet, soit par petites touches ici ou là. Les idées étaient bien concertées. D’une certaine manière, décider de ne pas jouer sur un morceau est une idée à part entière !
Le visuel est magnifique. Il a été réalisé par l’Atelier Bingo. Le clip « Garbage Truck », signé Mizotte et Cabecou est tout aussi splendide avec ce décor animé en carton. L’ensemble du projet est maitrisé artistiquement !
Entre la douceur du disque et l’énergie que vous avez sur scène, ça donne quoi The Patriotic Sunday en live ?
Nous avons un bel équilibre sur scène. Les morceaux sont plus arrangés et plus dynamiques. Le live que l’on propose en ce moment est sûrement la meilleure version du live de The Patriotic Sunday.
Ton premier album « Lay Your Soul Bare » est sorti il y a 10 ans. Beaucoup de chemins de parcouru depuis. Tu sens une évolution dans ta façon de travailler, de créer, dans ce que tu as envie de dire, de défendre ?
Les choses ont beaucoup évolué dans ma vie donc c’est sûr que je ne dis plus du tout les même choses mais j’ai l’impression que les fondamentaux sont les mêmes. La manière de travailler est proche et j’ai toujours envie de composer comme à l’époque de premier disque.
Comment es-tu arrivé à la musique ? Serait-ce une histoire de guitare offerte à Noël après avoir écouté Nirvana ? Tu composais déjà en sixième non ? C’est comme cela qu’est né The Patriotic Sunday ? Dans ta chambre, après l’école, enregistré sur un radio cassette ?
En écoutant de la musique en famille, j’ai eu envie d’en faire moi-même et j’ai tout de suite voulu composer mes morceaux dès le début. Je n’ai jamais vraiment fait de reprises du genre fête de la musique. Je faisais mes morceaux même mauvais. Ce que tu dis est vrai. Tu es bien renseignée !
Tu aimes être entouré pour tes albums (Léo Prud’homme de Fat Supper, Carla Pallone de Mansfield.TYA, La Terre Tremble !!!) ! Ca t’apporte quoi les collaborations ? C’est pour éviter la routine ? Elargir tes sources d’inspirations ?
Des gens que j’aime musicalement avec qui j’ai envie d’essayer des choses. Mais il ne vont pas sauver des morceaux, si le morceau est nul peu importe qui joue dessus, il ne va pas l’améliorer. Ca n’évite pas la routine, ça n’élargit pas les sources d’inspiration, c’est juste un plaisir de partager et si ça aboutit à quelque chose de beau tant mieux.
Comment tu fais pour jongler entre The Patriotic Sunday et Papier Tigre ? Des compos pour un projet servent parfois pour l’autre projet ?
Non car les compos de Papier Tigre naissent d’improvisation collectives principalement et grâce à « un certain agenda en ligne », je peux jongler d’un projet à un autre !
En ce moment, tu écoutes quoi en boucle ? Des albums fétiches ?
Les derniers trucs qui m’ont plus dans un ordre non établi : J Fernandez, Dylan Shearer, Mild High Club, Earl Sweatshirt, Ghostface Killah & Badbadnot Good, Deerhoof, Swans, Betunizer, Arlt…
Merci Eric
Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Nicolas David
The Patriotic Sunday en concert le vendredi 29 janvier au 1988 Live Club – 20h30 – 5 euros