Comptoir d’été #12 : le Bistrot de la Cité
Pendant la trêve estivale, rennes musique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…
Episode 12 : rencontre avec Philippe du Bistrot de la Cité
Tu peux nous raconter l’histoire du Bistrot de la Cité ? Depuis combien de temps on vient écouter de la musique chez toi ?
Les bars et moi c’est une longue histoire ! Cela fait 40 ans que je travaille dans les bars rennais. J’ai commencé dans des bars puis des discothèques. J’ai organisé des soirées à l’Espace. J’ai ensuite tenu le bar de nuit le Chatham mais on n’y faisait pas trop de concert. En même temps, j’avais une asso Rennes Ouest Musique Vivante et on faisait quelques concerts à la salle de la Cité. Avec Martin, on a monté un festival « Bleu Blanc Rennes » pendant 3 années. C’était sur le rock français, il avait plutôt une belle ampleur ! Et puis je me suis retrouvé ici. C’était déjà un bar qui faisait des concerts. C’était un ami à moi qui tenait le Bistrot. Petit à petit je me suis mis à faire des concerts au Bistrot de la Cité. Mais pas que ! Je faisais déjà du slam à l’époque ! Mon leitmotiv c’était les Transmusicales.
Il y a plus de 30 ans, j’organisais ici les Apéros Trans. C’était les Bars en Trans avant l’heure ! C’était un petit événement tous les ans, souvent avec un groupe rennais qui sortait son album.
J’ai fait cela pendant quelques années. Et puis je faisais de plus en plus de concerts. Au début, avec uniquement des copains qui venaient jouer. Maintenant, je bosse souvent avec Beast Records. Leurs propositions sont toujours très bonnes et on s’entend très bien, il y a un bon esprit. De temps en temps, je prends quelques groupes. Ce sont les associations qui me proposent les soirées. Cela fait maintenant 18 ans que je suis ici ! Dernièrement on a monté une association et on est parti à Nîmes faire une battle de DJ. Cela a fait un buzz ! On a bien rigolé. On essaie d’exporter la musique rennaise.
On écoute quoi chez toi ? Il y a un style de musique bien particulier ?
De tout ! En 18 ans la musique change ! Je suis passé par tout ! Par l’électro, mais j’ai quand même surtout gardé des valeurs rock n’roll. Ce qu’il faut c’est que cela soit festif ! C’est le but du jeu. Dernièrement j’ai fait un concert de musique cajun. C’était un autre style, un autre public et une autre clientèle.
Il y a 18 ans, le bistrot s’appelait déjà Bistrot de la Cité ?
Oui et j’ai gardé le nom car j’y tenais.
Et puis j’aime bien la notion de bistrot qui n’existe plus beaucoup. C’est un lieu de rencontre avant tout ! Ici il y a des personnes de 7 à 77 ans, il y a des personnes qui viennent avec leurs poussettes. C’est une grande famille.
Est-ce qu’il y a un concert qui t’a vraiment marqué ? Ton meilleur souvenir au Bistrot de la Cité même si tu dois en avoir beaucoup ?
Oui il y en a un car je voulais vraiment le faire et c’était un délire avec un de mes barmans. Un groupe qu’on aimait beaucoup, un peu mythique qui est passé aux premières Transmusicales à la salle de la Cité c’est KaS Product. J’ai réussi à les avoir ici ! J’étais très fier.
C’était il y a deux ans pendant les Transmusicales. J’ai toujours suivi et aimé Dominic Sonic, il a joué plein de fois au Bistrot. J’ai mes coups de cœur ! J’ai fait plein de concerts exceptionnels avec Beast Records. Il y en a tellement que je n’ai parfois plus les noms en tête !
Qu’est-ce que ça t’apporte de tenir ce genre d’établissement ? Le/les plus par rapport à un bar classique ?
C’est nécessaire, cela fait parti de la culture. Tout le monde ne peut pas aller voir des concerts payants ! Cela n’est pas possible d’aller voir Johnny Hallyday au Liberté pour 55 euros ! Ici, c’est entrée libre.
Et puis, c’est un plus commercialement, il ne faut pas s’en cacher. J’aime bien le fait que la clientèle se mélange. Faire la même chose tous les jours, cela m’ennuierait… Et la clientèle bouge. En 18 ans, je connais une autre génération de client, il faut donc s’adapter, suivre le mouvement. Je ne connais pas la routine, mais c’est un métier dur et difficile.
A part les Bars en Trans, tu participes à des festivals rennais ?
Je suis fidèle aux Bars en Trans depuis le début. Je sers de cantine aussi pour Mythos pendant le montage et le démontage. J’ai beaucoup d’intermittents et de personnes travaillant dans le spectacle qui viennent ici.
Je crois que je fais tous les festivals rennais !
Il y aura un concert pendant le Grand Soufflet au Bistrot !
As-tu participé à l’essor de groupes rennais ? Des groupes qui auraient fait leur première scène chez toi ?
Du temps de l’association Bleu Blanc Rennes, on avait fait venir les Skippies avant qu’ils ne deviennent les Bikini Machine !
Dominic Sonic a repris sa carrière ici après sa pause. Plein de groupes rennais sont venus ici ! Tout est sur le site ! Il y en a tellement que je ne sais plus… Je devrais avoir un petit cahier.
Rencontres-tu des difficultés ici par rapport au voisinage ? Des plaintes à cause du bruit ?
Plus maintenant ! On arrête les concerts de bonne heure. Ici cela fait 18 ans, c’est devenu une institution, les gens autour ne disent pas grand chose. On est adhérent du collectif Bar-Bars, cela nous aide un peu. Je fais toujours attention au son, à la batterie.
Justement que penses-tu de la politique rennaise concernant les bars à concerts, les lieux culturels en général ?
Elle a toujours été très bien mais en ce moment elle est bloquée par notre ministère. Cela aseptise la ville. Quand on voit le palais des congrès, cela fait quand même réfléchir. On ne va pas enlever aux étudiants ce qu’ils ont besoin d’avoir.
Ici, j’ai des clients qui me suivent depuis 30 ans ! Si la ville change, si on ferme tous les lieux de vie, où vont-ils aller ?
Il reste quelques vrais bistrots à Rennes mais qu’est-ce qu’il va se passer ?
Quand tu as le temps, tu aimes aller écouter des concerts dans quel bar à Rennes ?
Oui il y en a plein que j’aime. Dès que je peux je vais au Chantier, à la Bernique à l’Atelier de l’Artiste, au Dejazey. On est tous potes ! Je ne vais pas trop loin, je n’ai pas le temps de passer la Vilaine.
Aurais-tu des conseils à donner pour ouvrir un bar comme le Bistrot de la Cité ? Des conseils que tu aurais aimé qu’on te donne avant de te lancer ? Des choses à faire et à ne pas faire ?
Il faut imaginer qu’il y a une vie dans les quartiers, démarrer dans un bistrot de quartier.
Cela commence à se faire à Rennes et c’est très bien. Mais c’est un métier très difficile. Je dirais presque qu’il ne faut pas le faire.
C’est quoi le budget moyen pour venir passer une bonne soirée au Bistrot de la Cité ? L’entrée et la bière de base sont à combien ?
Les concerts ici sont en entrée libre. Les gens donnent ce qu’ils veulent mais on aime bien qu’ils donnent au moins 3 euros. La bière est à 2,50 euros.
L’entrée en moyenne est à 3 euros. Vous buvez toujours 3 bières pendant votre soirée car vous êtes toujours raisonnable.
Entrée 3 euros + 3×2,50 euros de bières = 10,50 euros pour une bonne soirée au Bistrot de la Cité.
Un prix très correct pour fréquenter un des derniers lieux rennais où les murs sentent la sueur du rock n’roll !
On pourra venir écouter des concerts encore longtemps au Bistrot de la Cité ? Tu as peut-être d’autres projets en tête ? Des envies d’ailleurs ?
Bien sûr ! J’aimerais bien inventer autre chose, de la danse ou autre chose… J’aimerais beaucoup faire des soirées effeuillage, c’est surprenant et très classe.
Merci Philippe.
Lire l’épisode suivant : l’épisode 13 avec Guillaume du Combi Bar.
Lire l’épisode précédent : l’épisode 11 avec Christophe de la Mie Mobile.
Lire tous nos comptoirs d’été de la première saison : ils sont tous ici.
Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Mozpic’s Mo
Le Bistrot de la Cité : 7 rue Saint-Louis à Rennes
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