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Comptoir d’été #3 : le Marquis de Sade

Pendant la trêve estivale, rennes musique vous propose de découvrir ces bistrots rennais où les amateurs de bonne musique aiment traîner leurs oreilles. Ces bistrots où l’on aime découvrir des artistes, ces bistrots où l’on aime se retrouver autour d’une passion commune, ces bistrots où l’on se sent chez soi…

Episode 3 : rencontre avec Seb et Alain du Marquis de Sade

C’est quoi l’histoire du Marquis de Sade ? Depuis combien de temps on vient écouter de la musique chez vous ?
Seb : on vient écouter de la musique en live au Marquis depuis le 14 février 2014 précisément. On savait dès le début qu’on voulait ouvrir un bar à concerts, il ne nous manquait plus que le lieu pour pouvoir le faire. Avant le Marquis, il y avait aussi un bar mais il était fermé depuis un moment.
Alain : moi j’étais déjà patron de bar avant au Nag’s Head. J’avais déjà eu un premier café-concert, j’avais envie de revenir aux sources. On trouvait qu’il y avait un gros créneau à prendre à Rennes. On a trouvé le lieu mais il y avait beaucoup de travaux à faire. Il fallait aussi tester le voisinage…
Seb : voilà l’histoire. Alain vend son affaire et me propose d’en monter une autre. On cherche un endroit avec une belle salle pour faire des concerts, on trouve cet endroit et on envoie !
Alain : on trouvait que le lieu était bien pour la surface. Quand on enlève tous les meubles, il y a pas mal de place pour faire une salle intermédiaire (par rapport aux petits bars qui accueillent 30/40 personnes). On met pas mal de monde dans cette salle et on n’est pas dans le centre-ville de Rennes, c’est ce qu’on cherchait. Et puis le Marquis c’est aussi un bar de quartier ! On fait un, voir deux concerts par semaine avec 2/3 groupes et puis c’est tout.

Qu’est ce qu’on écoute au Marquis ?
Seb : de la musique (rires). Depuis quelques mois, on accueille des soirées électro et on n’est pas mécontents. C’est une clientèle qu’on ne connait pas. Ca permet de se faire connaître, ça amène une nouvelle clientèle donc pourquoi pas. On n’était pas parti sur ce créneau à la base, on connait surtout la clientèle rock.

La ligne directrice du Marquis de Sade est essentiellement rock !

Alain : C’est les assos qui viennent nous voir, on ne choisit pas. On voit qu’ils bossent sérieusement, on met la salle à dispo, ils nous connaissent, ils savent nos goûts, ils savent ce qu’ils peuvent nous présenter ou pas. Personne n’est venu nous proposer du rap ou du hip-hop, ils savent que ça n’est pas le lieu. Les assos font leur organisation comme elles le souhaitent. En plus, elles savent qu’avec une entrée à 5 euros, vu la place, leur soirée sera rentabilisée.
Seb : salle à dispo, sono à dispo, bières à dispo.

Pourquoi ce nom ? Référence musicale certaine mais on peut aussi penser à la référence littéraire ? Un nom pour créer la confusion finalement ?
Alain : c’était pour créer le buzz avant d’ouvrir et ça a très très bien marché ! La nouvelle génération pense que c’est une référence littéraire, mais ça n’est pas le cas. Les vrais puristes et les vrais musicos savent tout de suite pourquoi ce nom. C’est une référence à un groupe rennais culte des années 80, d’où les pochettes sur les murs.
Seb : c’était un clin d’oeil à la ville de Rennes, à la scène rock rennaise des années 80. Le nom s’est un peu imposé tout seul quand on a racheté le lieu. On voulait éviter les mots anglais, les mots bretons. Les gens ont tout de suite percuté sur le nom du groupe. Sincèrement, si tu penses à l’auteur, tu ne viens pas ici par peur de tomber sur un lieu étrange. Le double sens est intéressant aussi, ça fait causer. Mais honnêtement, les rennais ont d’abord pensé au groupe rennais, les plus de 30 ans en tout cas.

Un concert qui vous a marqué ? Votre meilleur souvenir ici ?
Seb : pour ma part, la 1ère Psych Session avec les gars de Radio Campus pour From Town To Town. Le bar était plein et tout le monde est reparti ravi.
Alain : moi je dirais la soirée Formica, et le dernier de la saison que j’ai beaucoup aimé avec Sekhmet. Moins de monde que prévu mais on aurait pu faire complet en faisant cette soirée en hiver. On a eu de belles surprises avec Presumption et les Madcaps (Relire l’interview de Thomas des Madcaps).
Seb : le concert des Madcaps, c’est la 1ère fois que nos murs ont transpiré comme ça ! On a eu plein de belles soirées ici ! C’est aussi de bons souvenirs avec des assos, quand tout se passe bien c’est agréable. On a eu les Wizards, ils repassent en septembre d’ailleurs, c’était chouette comme soirée.
Alain : Les concerts garage ça marche bien à Rennes. D’ailleurs, on va refaire la salle pour être encore plus underground. On a fait ça vite fait, on a retouché le bar mais pas trop la salle. On va refaire la déco, refaire ça en « pratique », que la salle soit viable, qu’on puisse tout virer facilement et rapidement. C’est lourd les banquettes à porter toutes les semaines. Et on a besoin de plus d’espace. On va rendre l’aspect meilleur et le son meilleur. Il y a des travaux phoniques à faire, c’est cher mais faut le faire. Faut que le son soit en adéquation avec le voisinage et avec les musiciens aussi. Aujourd’hui, les murs sont secs, le son tape direct.
Seb : Toilettage visuel et phonique pour la rentrée !

Est-ce que vous participez à des festivals sur Rennes ?
Alain : non aucun. Les Bars en Trans c’est trop cher pour nous et on ne te laisse pas choisir ton groupe.
Seb : en fait, ce sont les assos qui intègrent leurs festivals chez nous, comme Désobéissance. Le lieu commence à être connu, donc les gens nous contactent. Maintenant, on fait des trucs sérieux avec de belles assos. On peut d’ailleurs saluer la qualité du travail des assos rennaises, elles connaissent les publics, elles connaissent les groupes, elles savent en fonction de la jauge chez qui aller, etc… Avec les assos, t’es sûr d’avoir le public qui se fera plaisir et qui passera une bonne soirée. C’est ce qui compte. Tout le monde doit s’éclater : les musiciens, les clients, et nous. Il y a une vraie proximité ici, les groupes s’y plaisent bien.

Avez-vous participé à l’essor de groupes rennais ?
Alain : peut-être les Madcaps ?
Seb : on n’a pas encore beaucoup d’argent, mais le mécénat, ça nous plairait bien. Soutenir 2 ou 3 groupes sur leur programmation, sur leur production, leur proposer des résidences…
Alain : y’a tellement de groupes à Rennes, au moins ça bouge de ce côté là. Ca revient, ça c’était endormi, mais ça revient en ce moment.


Rencontrez-vous des difficultés ? Des plaintes avec le voisinage ou la ville de Rennes ?
Alain : c’est très simple, pas de concert la semaine. A 21h en semaine, ça dérange les voisins. Quand c’est vendredi et samedi, il n’y a pas de problème. On s’arrête à minuit et tout se passe bien comme cela.
Seb : à minuit c’est la fin du concert, à 1h la rue est vide et propre. En faisant des concerts le we, t’es tranquille, les voisins s’en fichent, ils sortent, et ils ne travaillent pas le lendemain. Après, le vrai problème, finalement, c’est pas le concert, c’est le bruit des gens dehors. C’est pas long un concert, mais 80 personnes dans la rue ensuite, ça fait du bruit.
Alain : en plus, faut rester vigilant, il y a une ligne de bus juste devant nous, il faut que les gens fassent gaffe, ça reste une route passante. Il faut que ça reste calme pour que tout se passe bien.

Que pensez-vous de la politique rennaise concernant les lieux culturels ?
Alain : on est une des rares villes où il y a beaucoup de musiciens qui ont vu le jour, et on n’a pas une vraie salle de concert adaptée. Il n’y a pas une belle salle intermédiaire entre nous et le Liberté. Pourquoi on a fermé la Cité ? C’est un super endroit !
Seb : il y a un vrai déséquilibre entre la politique de la mairie et la qualité de la musique rennaise. Ca n’est pas adapté. C’est bien de faire de beaux équipements culturels mais ils ne sont pas du tout adaptés à la demande qui est celle à laquelle les cafés-concerts répondent. Il manque quelque chose à Rennes.
Alain : au niveau des bars à Rennes, il y a ce qu’il faut par rapport à d’autres villes. Mais à Rennes, on n’est pas capable d’accueillir des grands groupes internationaux. Ils passent tous à Nantes. A la base, Rennes est quand même une ville rock !
Seb : il y a des mesures pour aider l’isolation phonique des logements. Ca serait plus judicieux d’aider les bars pour ça. Aider les quelques lieux qui font du bruit plutôt que les 80 logements qui en souffrent autour. Nous, demain, on veut faire une isolation phonique pour avoir une salle de concert pro, on a zéro aide. Il faut lâcher 80 000 euros de notre poche donc c’est impossible. La ville pourrait aider à réduire les nuisances des lieux culturels en proposant des réductions, plutôt que de fournir des subventions pour les 80 logements autour. Quel immeuble est adapté à recevoir de la musique amplifiée à Rennes ? Aucun.

Quel/s autre/s bar/s à concerts vous aimez sur Rennes ?
Alain : moi j’aime bien le Gazoline.
Seb : moi l’Aviation, c’est un bar de quartier sympa, ils font quelques concerts. En fait, on n’a pas trop le temps d’aller voir des concerts dans d’autres bars ! On aime bien les vieilles cabanes rennaises, celles qui sentent encore un peu la sueur et le rock’n roll comme le Bistrot de la Cité, le Carnaby

Des conseils pour ouvrir un établissement comme le Marquis sur Rennes ?
Alain : il faut faire ton petit truc dans ton coin, faut pas faire de bruit et ça se fait tout seul.
Seb : il faut trouver l’endroit adapté pour limiter les nuisances car c’est ça qui va faire que tu continues ou pas.
Alain : il faut éviter le centre-ville, c’est saturé, les bâtiments sont classés… En plus, le centre va changer quand les hôtels de luxe et le centre des Jacobins vont ouvrir. Le centre va accueillir du « costard-cravate », et ça n’est pas la clientèle des bars à concerts actuels qui fonctionnent bien sur Rennes.

Quel est le budget moyen pour venir écouter un concert chez vous ? Combien coûtent l’entrée et la bière ?
Alain : ça va de 0 à 5 euros pour les concerts. La bière de base est à 2,50 euros et on ne fait pas de majoration.

Budget moyen pour votre soirée au Marquis de Sade :
Avec une entrée à 5 euros, vous ne boirez que 3 bières pendant votre soirée car vous êtes toujours aussi responsable : une en arrivant, une pendant le concert et une à la fin pour débriefer avec vos amis. Vous prenez la bière la moins chère car c’est un budget de sortir à Rennes et d’enchaîner les concerts au Marquis, au Gazoline et au Mondo Bizarro.
Une entrée à 5 euros + 3×2,50 euros de bières = 12,50 euros pour une bonne soirée au Marquis de Sade.
Une bonne soirée à Rennes, ça ne coûte pas très cher.


On pourra encore écouter des concerts au Marquis pendant longtemps ? Vous avez d’autres projets en tête ?

Alain : si on pouvait être plus grand, ça serait bien. Donc pas ici. Si on doit partir d’ici, ça sera pour faire la même chose en plus grand. Et toujours à Rennes, pas envie d’aller ailleurs. Rennes c’est une chouette ville !
Seb : une salle qui peut accueillir 150/200 personnes de façon classe avec une vraie scène, des vraies lumières. Après ça fera juste 2 ans en septembre qu’on est là, donc pour le moment, on se pose ici et on verra. On est bien ici ! Ca marche bien, on commence à être connu.

Merci Seb et Alain.

Rendez-vous la semaine prochaine pour le comptoir d’été #4 !
Lire l’épisode 2 avec Bruno du Mondo Bizarro.

Propos recueillis par Lucie et Cath
Crédit photo : Lucie

Le Marquis de Sade : 39 rue de Paris à Rennes
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