Labels d’été #11 : Prix Libre Record
Notre saison 02 des labels rennais continue avec Prix Libre Record, un label assez jeune mais qui a déjà fait beaucoup de sorties. Ils sont aussi derrière l’association Capital Taboulé qui organise de nombreux concerts et qui est à l’initiative de Tout Rennes S’emmerde dimanche prochain (21 juillet).
Episode 11 : rencontre avec Colin et Léo de Prix Libre Record.
Comment et quand est née l’aventure de Prix Libre Record ?
Colin : le label existe depuis un an et quelques mois. Il a commencé avec Moto Raide, groupe dans lequel je jouais.
On a décidé de graver et faire nos pochettes de façon assez cheap juste avec une feuille A4 et un marqueur noir.
Quand on a crée le label, on avait dans l’idée de faire des pochettes simples. On a ensuite sorti mon projet solo qui s’appelle Prix Libre. La première sortie où je ne suis pas dans le groupe c’est Outdoor Leisure.
Qui est derrière Prix Libre Record et comment sont répartis les rôles de chacun ?
Léo : on a chacun plus ou moins nos trucs dans le label, on s’est un peu réparti les tâches naturellement sans se le dire. Moi je fais plutôt les pochettes, je suis sur l’aspect physique des disques.
Colin : je m’occupe plus du Bandcamp, de graver les CD, de faire du contenu. Pour le contenu, comme je joue dans trois groupes du label, c’est plus facile. Je cherche aussi un peu les groupes et surtout je déplace la valise de nos disques aux soirées, je suis le distributeur ! Il y a aussi Benjamin qui s’occupe des enregistrements et du mixage de nos sorties.
A part les groupes dans lesquels Colin joue, comment vous choisissez les artistes avec qui vous allez travailler ? Comment repérez-vous les artistes ?
Léo : on travaille surtout avec des personnes qu’on connaît.
Colin : j’ai déjà fait des propositions à des groupes qu’on a eu l’occasion d’enregistrer en concert mais c’est vrai qu’on travaille surtout avec les copains et mes groupes.
Prix Libre Record reçoit beaucoup de démos ?
Colin : non pas du tout ! Personne ne nous propose, ça arrivera peut-être un jour.
Est-ce qu’il y a des critères de choix artistiques pour pouvoir « signer » chez Prix Libre Record ? C’est quoi la philosophie du label ?
Léo : je ne pense pas qu’on ait un spectre musical défini mais comme tout label, il y a des styles de musique qu’on n’a pas du tout envie de produire comme les musiques trop codées, trop lisses.
Très clairement on affectionne les musiques un petit peu sales.
Colin : mais pas que ! On a sorti dernièrement le disque de Vicky Veryno il est tout mimi et ça nous fait du bien aussi ce style de musique. Un petit peu de musique moins sale de temps en temps ça change.
Combien d’artistes sont au catalogue de Prix Libre Record actuellement ?
Colin : je dirais un peu moins d’une dizaine avec Vicky Veryno, Outdoor Leisure, Jim Ballon, Channel+, Prix Libre, Moto Raide et Culture Emotion. En un an, c’est pas mal. En fait, on fait tout de A à Z et on n’a pas d’intermédiaires, donc si l’enregistrement est déjà prêt, ça peut aller assez vite sur certaines sorties. Certaines sorties peuvent ne prendre qu’une semaine.
Léo : au départ, on voulait faire une sortie par mois. Objectif que nous n’avons pas du tout tenu à partir du troisième mois.
Votre coup de cœur à chacun ? C’est une question difficile mais il y a parfois un disque qui a une histoire particulière.
Colin : étant donné que j’ai tous mes groupes sur ce label, ce choix serait un peu prétentieux de ma part.
Léo :
Vicky Veryno reste une sortie un peu spéciale pour nous. Ce disque représentait beaucoup pour lui !
Ce que j’ai le plus écouté reste Outdoor Leisure que j’écoutais déjà avant.
Quel est votre dernier coup de cœur que vous aimeriez avoir chez Prix Libre Record ?
Léo : j’aimerais bien qu’on sorte des disques de Steak, un trio de Tours !
Il vient d’où le nom de Prix Libre Record ? Toutes vos sorties sont en prix libre ?
Léo : pour le moment oui ! Tous nos CD sont à prix libre et les soirées que nous organisons aussi.
Le prix libre est un concept que nous défendons beaucoup donc c’était évident et assez cohérent que nous allions faire comme cela.
Les gens donnent selon leurs portefeuilles. Aujourd’hui, les gens ne savent plus comment se positionner vis à vis de la musique avec Internet qui a dévalorisé la musique. Tout est accessible donc les gens n’ont plus la même valeur concernant la musique aujourd’hui.
Les groupes attendent souvent beaucoup des labels qui les signent. Pouvez-vous nous dire ce qu’un label comme Prix Libre Record attend d’un groupe ?
Léo : on les pousse un peu pour qu’ils fassent des concerts comme Outdoor Leisure. Après on travaille avec des copains donc ça se fait un peu naturellement, on n’attend pas grand chose en fait.
Colin : on peut se permettre de sortir des disques de groupes qui ne joueront jamais puisque c’est uniquement pour le plaisir. On n’est pas dans une dynamique de ventes donc on n’attend pas après les concerts. On fait nos sorties dix exemplaires par dix exemplaires et on en refait selon les ventes donc pas vraiment de pression là-dessus.
C’est l’avantage de tout faire à la maison, on fait quand on veut et quand on en a besoin.
Etre un label indépendant aujourd’hui c’est difficile ? Comment voyez-vous l’avenir des labels comme Prix Libre Record ?
Colin : on ne cherche pas à faire parler de nous, à sortir du lot. On fait tout ça pour le plaisir donc on ne se pose même pas ce genre de question. On ne regarde pas les gros labels et ce qu’ils font, on préfère faire nos soirées avec notre valise de CD et ainsi faire la promotion de groupes qui ne jouent même pas le soir même.
Léo : il y a des disques qui sortent sur des gros labels et qui sont biens mais ça n’est pas ce qui nous inspire. Il y a un aspect purement commercial et peu artistique.
Pour les micros labels, le but n’est pas de faire du chiffre mais de se rembourser d’une sortie à l’autre.
Prix Libre Record sort les albums uniquement sur CD ?
Colin : aujourd’hui, on fait toutes nos sorties en CD et sur Bandcamp.
Mais on a pour but de sortir des vinyles l’an prochain en coproduction avec d’autres labels.
L’objet vinyle est intéressant mais on en fera moins.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon groupe aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous pensez de la scène musicale actuelle ?
Colin : j’aime les groupes qui n’imitent pas, qui sont originaux, pas forcément dans le style mais dans l’interprétation, dans la démarche.
Léo : j’aime les groupes quand je peux avoir une relation personnelle avec les personnes du groupe pour découvrir leur musique mais aussi qui elles sont. J’aime donc plus la musique à une échelle locale, une échelle humaine.
Et la scène rennaise ?
Léo : il y a à boire et à manger à Rennes !
Colin : je parlerais plus des associations qui organisent les concerts à Rennes, je les trouve plus représentatives que les groupes.
On pense à Alambik, Consternation, From Town To Town, les Pies Chicaillent. Ou Capital Taboulé !
Par rapport à la taille de la ville, c’est impressionnant le nombre d’associations qui existent et elles ramènent des groupes qui aiment venir jouer à Rennes. Il y a des semaines où il y a des concerts tous les soirs et plusieurs le même soir, on est obligés de faire des choix. On est vraiment chanceux à Rennes ! Dans d’autres villes, il y a des associations qui, par exemple, ne vont faire que du Math Rock et n’iront jamais voir d’autres styles de musique. A Rennes aussi, les associations ont un style de musique défini mais tu les retrouves dans d’autres soirées totalement différentes. A Rennes on a aussi la chance d’avoir le public qui suit. Lorsqu’on organise des soirées avec Capital Taboulé, on fait rarement des flops.
Quelle sera la prochaine sortie de Prix Libre Record ?
Léo : il y a un nouveau Channel+ qui devrait bientôt arriver.
Colin : il y a Urge, un groupe de Caen, qui est actuellement en mixage et qui est le groupe le plus violent du monde.
Merci Colin et Léo.
Propos recueillis par Cath
Crédit photos : Polytistution
Bandcamp de Prix Libre Record : https://prixlibrerecord.bandcamp.com/