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Labels d’été #07 : Les Disques Normal

Après notre série « Comptoirs d’été », nous vous proposons de découvrir les labels rennais pendant cette trêve estivale, et les personnes qui se cachent derrière. Ces labels qui nous font découvrir des artistes, et qui organisent des concerts toute l’année dans notre ville.

Episode 07 : rencontre avec Martial Hardy de Les Disques Normal.

Comment et quand est née l’aventure de Les Disques Normal ?
Le label est né il y a une douzaine d’années. J’ai monté ce label avec un ami, Jean-Charles Dron. On avait une web radio qui s’appelait « Association de gens normal », on y mettait une playlist tous les mois avec 20 morceaux d’artistes français qu’on appréciait. On voulait défendre des artistes qui ne passaient pas beaucoup à la radio. Nos playlists proposaient de la folk, de la pop, du rock, un peu d’électro même si on n’y connaissait pas grand chose. Par ce biais on s’est retrouvés en contact avec des labels comme Another Record, Talitres et autres. Un jour Another Records avait un artiste de leur catalogue qui avait un projet de sortie mais le label n’avait pas le temps de s’en occuper. Ils nous ont donc demandé si on était intéressés et le label est né comme ça. Ca nous trottait dans la tête depuis un moment, on n’y connaissait rien mais c’était une belle occasion de se lancer.

Le label Les Disques Normal est né avec l’artiste Jocari, il fait de la folk tranquille et assez noire.

Qui est derrière Les Disques Normal et comment sont répartis les rôles de chacun ?
Aujourd’hui il n’y a plus que moi. Jean-Charles était frustré de ne pas réussir à se dégager le temps nécessaire pour faire les choses, il a donc quitté le label. Je gère donc tout aujourd’hui mais je me fais aider de temps en temps par une de mes cousines qui avait envie de participer.

Comment tu choisis les artistes avec qui tu vas travailler ? Comment repères-tu les artistes ?
Pour le premier artiste, c’est un autre label qui nous l’a proposé comme je l’ai expliqué. Jean-Charles connaissait la deuxième sortie du label, le groupe Blue Haired Girl, il les suivait depuis un moment. Le groupe n’existe plus mais un des membres avait un projet qui s’appelle Tycho Brahé, on a donc naturellement continué à travailler avec lui. Ca se fait donc par plein de façons possibles mais il y a toujours un contact, un lien de départ. Parfois c’est moi qui contacte directement les groupes quand ils me plaisent. C’est comme ça que j’ai fait pour We Only Said après avoir entendu un de leurs morceaux sur Canal B. Pour Mermonte c’est le groupe qui m’a envoyé des morceaux.

Mermonte nous a donné une belle renommée et a associé le label à la scène rennaise. Avant Mermonte il n’y avait pas de groupe rennais sur le label.

C’était la première fois qu’il y avait une attente sur la sortie d’un disque.

Les Disques Normal reçoit beaucoup de démos ?
Pas temps que ça. J’en reçois peut-être une par semaine, peut-être un peu plus, ça dépend des périodes. Il y a les propositions pour le label mais aussi les groupes qui m’envoient leur musique pour que je leur donne mon avis, simplement. Je ne suis pas très bon en retour, on a déjà un catalogue assez fourni, je ne suis pas sûr de vouloir le compléter.

J’ai envie d’être fidèle, de travailler sur la durée avec les artistes du label, j’essaie donc de garder du temps et de la place pour les nouveaux projets, les nouveaux disques des groupes avec qui je travaille déjà depuis longtemps.

Est-ce qu’il y a des critères de choix artistiques pour pouvoir signer chez Les Disques Normal ? C’est quoi la philosophie du label ?
Au niveau musical je suis relativement ouvert. Mon seul critère est le coup de cœur !

Combien d’artistes sont signés chez Les Disques Normal actuellement ?
Je pense qu’il y en a une petite vingtaine aujourd’hui si on compte ceux dont j’ai parlé au début et si on rajoute The Missing Season, Lady Jane, Fat Supper, Bumpkin Island, Santa Cruz, Polder, Kataplismik, Dad Rocks!, Mha, Tiny Feet, etc…

Quel est ton dernier coup de cœur que tu aimerais avoir chez Les Disques Normal ?
Il y a un artiste hollandais que j’écoute beaucoup en ce moment qui s’appelle Délage, il est sur un label parisien et sa musique pourrait tout à fait correspondre au label. J’ai déjà eu un projet étranger avec Dad Rocks!. Je disais que je ne suis pas forcément en recherche de nouveautés mais il y a régulièrement des nouveaux artistes qui intègrent le label. Il y a quasiment une nouvelle entrée par an.

Et pourquoi ce nom avec cette faute ?
Notre web radio s’appelait « Association de gens normal », on a donc gardé la logique.

Le nom vient d’une chanson de Svinkels et TTC.

Pour nous, le label c’était une continuité, une autre façon de promouvoir la musique qu’on aime. Et puis le nom « Les Disques Normal » fait très français alors qu’on a quasiment aucune sortie en français, il y a un côté décalé qui nous a plu.

Les groupes attendent souvent beaucoup des labels qui les signent. Peux-tu nous dire ce qu’un label comme Les Disques Normal attend d’un groupe ?
C’est une bonne question, on ne me l’a jamais posée. On essaie de bien travailler ensemble, de collaborer dans l’idée de défendre leur musique. Pour moi, ça devient forcément un projet commun mais dans la façon de travailler il n’y a pas de règles types, c’est un peu au cas par cas. Il faut qu’on soit en phase sur la sortie du disque. Si on prend l’exemple de Jocari, il ne tourne pas et on sort quand même ses disques, on est d’accord sur la sortie, sur comment tout ça va se passer. Il sait ce qu’il fait. Il faut que chaque sortie reste quelque chose de sympa à vivre.

Etre un label indépendant aujourd’hui c’est difficile ? Comment vois-tu l’avenir des labels comme Les Disques Normal ?
Ca n’est pas toujours évident. On dit « label indépendant » dans le sens où on fait les choses comme on a envie de les faire mais on fait les choses dans les règles. Il y a des aspects qui sont quand même bien figés comme les médias par exemple. On est obligés de respecter certains plannings.

Finalement, je trouve qu’on fait la même chose que les majors mais avec beaucoup moins de moyens.

Mais il y a aussi le sens où on sort des disques qui ne sortiraient peut-être pas ailleurs, des disques qui méritent d’exister. Après, financièrement, l’idée serait qu’une sortie finance la suivante mais ça n’est pas comme ça dans les faits.

Sur quels supports Les Disques Normal sort les albums ?
On sort les albums sur tous les supports. Quand on fait des coproductions, comme le dernier album de The Missing Season, avec Howlin Banana Records, on se répartit les supports. L’album est sorti en CD chez nous et en cassette chez Howlin Banana mais les deux logos sont sur les deux supports. Il y a donc aussi de la cassette chez Les Disques Normal !

Qu’est-ce que tu penses de la scène rennaise aujourd’hui ?

A Rennes, ça bouillonne, il y a beaucoup d’émulation. Les projets des groupes sont de plus en plus assumés, de mieux en mieux ficelés et aboutis.

C’était un peu moins vivant pendant quelques temps et c’est bien reparti depuis une dizaine d’années. C’est assez simple aujourd’hui de sortir son album, quelque soit les moyens, tu peux juste le sortir en numérique. Il y a beaucoup de choix, c’est chouette mais c’est compliqué pour sortir du lot. Il y a des marches compliquées à passer pour certains. Quand on sort un disque aujourd’hui, il faut le vendre mais il faut aussi qu’on en parle, c’est pas toujours évident pour les groupes.

Quelle sera la prochaine sortie de Les Disques Normal ?
Le nouvel album de Jocari va sortir en octobre, on fait un petit pressage de 200 CD. C’est son quatrième album et c’est toujours sur le label. Ca fait plaisir ces collaborations sur le long terme, cette fidélité.

Merci Martial.

Propos recueillis par Cath
Crédit photos : Politistution
Photos prises au Magic Hall, 17 rue de la Quintaine à Rennes

Pour suivre l’actualité de Les Disques Normal : https://lesdisquesnormalrecords.bandcamp.com/

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