Johnny Mafia « Sens, capitale du monde ! »
Sens se situe dans le département de l’Yonne, région Bourgogne-Franche-Comté. C’est dans cette ville qu’est né Johnny Mafia, « pas tellement un berceau historique du rock » selon le groupe.
Alors, Sens, capitale du monde ou pas ?
Rencontre avec Fabio, Théo, Enzo et William à la Clef à Saint-Germain-en-Laye.
La ville de Sens a été récompensée par la distinction Grand Prix et quatre fleurs au palmarès 2007 du concours des villes et villages fleuris. Mais qu’en est-il côté culture ? A la mention du nom de leur ville, le groupe réagit directement et fièrement « Sens, capitale du monde ! ». Il y a quelques années encore il y avait une scène rock punk métal à Sens mais en 2021 ça n’est plus vraiment le cas. « Il y avait de très bons groupes qui nous ont donnés envie de faire de la musique mais qui ne sont pas trop sortis de Sens » selon Théo. Il y avait les Pussy Riot, bien avant celles de Russie, The Coroners, Texas Gladiator, Freaks Parade, Truck Cemetory, Dirty Farmers, Atomic Frog, Glace ou encore Bad Dead. « Ces groupes n’existent plus, on ne pourra écouter des morceaux de ces groupes que sur leurs disques durs, c’était très très underground » selon Théo.
« La ville où on est les moins connus c’est à Sens. » William
Certaines villes retrouvent leur dynamique quand un groupe devient nationalement connu, à l’image de Johnny Mafia qui fait incontestablement partie de la scène rock actuelle. Le groupe a-t-il motivé d’autres groupes de la ville à se former ou se reformer ? « Non » selon Fabio « car le problème aujourd’hui est qu’il n’y a pas vraiment de scène pour jouer à Sens, moins de bars donc de lieux pour s’exercer devant un public. » Il y avait le Wembley, le Borgart’s et surtout, il y a quelques années encore, il y avait un tremplin à la MJC de Sens. C’était un événement central et qui provoquait la création de groupes avec à la clé une date au Silex, la Smac d’Auxerre, des heures d’enregistrements dans des studios, du matériel et « ça permettait de ne pas payer l’entrée du tremplin surtout » dixit Fabio. Chaque année, 2 ou 3 nouveaux groupes se créaient avec ce tremplin. Sens compte un des plus grand lycée de France avec 3000 élèves, ce qui devrait être un vivier musical énorme.
« 3000 élèves sur 30 000 habitants à Sens. T’as 10% de la population qu’à moins de 18 ans, ça devrait bouger plus que ça ! » Fabio.
Aujourd’hui, un seul bar programme à Sens, avec peu de concerts par an : le Patio. Un lieu où le groupe se retrouve souvent, mais plus pour boire des verres. « On arrive à y jouer de temps en temps mais ça n’est pas forcément fait pour, il n’y a pas de scène » Théo. Quand il y avait des bars, il y avait des concerts toutes les semaines. « Ca forçait à se bouger ! » dixit Fabio.
Pour Sentimental, Johnny Mafia n’a pas pu le défendre sur scène dans sa ville.
« Quand tu fais de la musique à Sens tu n’as pas dans l’idée de faire un concert à Sens. Ca ne motive pas pour débuter puisque tu ne peux pas te faire la main dans des cafés-concerts de ta ville. » Fabio.
Mais le creux de la vague est-il uniquement dans le rock à Sens ? « Je travaille dans un studio d’enregistrement à Sens et j’enregistre plein de jeunes qui font du rap et qui font ça bien ! » selon Théo. Le studio d’enregistrement et de répétition s’appelle Le Garage. Un lieu qui appartient à la ville avec des prix très bas et qui permet aux groupes de se retrouver et de répéter facilement. La ville de Sens y met beaucoup d’argent, les locaux sont très bien équipés avec du très bon matériel pour enregistrer. La ville a aussi repris la MJC qui organisait le tremplin, la salle s’appelle désormais « La Scène » avec 150 places. Mais il n’y a pas de programmation régulière. « Ca se crée une ambiance pour que les gens se déplacent, il faut faire de la promo, on ne sait même pas ce qui s’y passe » selon Fabio.
« On sent que la ville de Sens a envie de prendre les choses en main mais à sa manière ! » Théo
Il y a le festival Musicasens, qui, depuis 20 ans, permet aux groupes locaux de se produire dans des conditions professionnelles et de se faire connaître du grand public. « C’est bien, c’est populaire et gratuit avec une grosse tête d’affiche chaque année. Quand on propose des choses aux gens ils viennent ! » dixit Enzo. Mais les propositions ne sont pas très rock n’roll, les illuminations de la cathédrale en sont un bon exemple…
« La culture à Sens c’est très rétro, à l’ancienne, il y a un musée de la cathédrale. La culture pour eux c’est ça et la musique c’est un loisir. » Fabio
Mais Sens n’est pas vidée de ses groupes. Aujourd’hui des groupes comme The Huile, Suttcliffe, Newton, Zulu Architect, Ogma, ou encore Chien Vert existent. Mais comment les voir en concert dans leur propre ville ? Peut-être grâce à Johnny Mafia.
« Un jour on prendra les rênes de cette bonne ville de Sens ! » selon Théo.
Alors à quand un café concert made in Johnny Mafia à Sens ?
« Quand on sympathise avec des groupes sur la route on aimerait bien leur dire de venir jouer chez nous mais on ne peut pas. Juste un spot pour jouer et nous qui invitons les groupes, ça pourrait créer un petit truc… Rien qu’avec ça ! » William
Propos recueillis par Cath
Crédit photo : Cath